S O L

Saint-Ouen Luttes

L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

 

PRESENTATION THEMATIQUE

et, en particulier l'Astom...

 

 

ALSTOM

Lois Aubry, lois pourries !

Alstom TSO (transformateurs Saint-Ouen). La Direction aurait pu espérer une ambiance plus calme dans l'usine, après avoir annoncé en janvier qu'il n'y aurait aucun licenciement " sec ". Mais voilà qu'elle s'attaque à un autre dossier : les 35 heures. Et c'est un nouveau débrayage, le 14 février. Les travailleurs envahissent la salle de " négociation ". Pendant une heure se succèdent les revendications en direct." Si on doit pointer en bleu, je serai obligé de prendre un autre train et de me lever une demi-heure plus tôt, à 4 H 45 au lieu de 5 H 15 ". C'est aussi le problème des 15 minutes de pause casse-croûte du matin qui doivent être supprimées (pourtant indispensable quand on se lève à 5 heures du matin). Le problème du temps de travail de nuit qui doit être allongé. Celui du temps de trajet des travaux extérieurs, avec le matériel et la camionnette, qui ne serait plus compté comme temps de travail effectif, etc.

Un point commun à toutes ces innovations : cette notion de " temps de travail effectif ", justement. C'est un élément fondamental de la loi Aubry ! Et qui a osé dire "Loi Aubry, loi pourrie" ? Pas ceux qui soutiennent de près ou de loin le gouvernement de Gauche. C'est à cause d'eux qu'on en est réduits à se battre chacun dans son coin, entreprise par entreprise, contre tous les pièges de cette loi.

Loïc

Saint-Ouen Luttes n° 11 du 1er mars 2001

 

Alstom : Recul partiel de la Direction.

  Soulagement et satisfaction après un an d'angoisse et de lutte à Alstom-TSO (transformateurs Saint-Ouen): la Direction a annoncé le 10 janvier qu'elle révisait son plan " social " et qu'il n'y aurait aucun licenciement sec. Les conditions des mesures d'âge sont élargies, - il faut avoir 55 ans au 31 décembre 2001 et non plus au 1er juillet 2000 -, ce qui porte le nombre de pré-retraites possibles de 73 à 98. La Direction compte aussi sur une dizaine de départs volontaires, mutations, créations d'entreprises. Et c'est tout. Qu'est-ce qui a provoqué ce revirement ? Un an de débrayages, de manifestations, de procédures. Une condamnation en référé, survenue le 12 décembre, a suspendu la procédure de licenciement "jusqu'à décision du juge de fond". D'autre part, une trentaine de démissions ont eu lieu en un an, essentiellement de jeunes qualifiés, techniciens, ingénieurs. Aucun licenciement sec, que des départs volontaires, pas un seul travailleur sur le carreau, c'est presque une victoire, c'est ce que voulaient les salariés. Et pourtant, rien n'est résolu. Car la Direction maintient les 137 suppressions d'emplois qu'elle s'était fixées, et elle compte bien renforcer dans une proportion importante la productivité, c'est-à-dire l'exploitation de ceux qui restent. Des commandes ont été enregistrées au-delà des prévisions, il va falloir embaucher : la lutte continue !

 Loïc

Saint-Ouen Luttes n° 10 du 1er février 2001

Deux travailleurs en correctionnel.

Le 16 janvier, au Tribunal de Bobigny, deux dessinateurs d'Alstom-La Courneuve comparaissaient pour outrage envers un huissier le 16 juin 2000. Ils ont tous les deux la cinquantaine bien tassée, une trentaine d'années d'ancienneté à l'Alstom, ils y ont passé le plus clair de leur vie. Ils font partie des 125 travailleurs menacés de licenciement, sur un effectif de 175. Ils venaient d'apprendre que la Direction, en riposte à leur lutte, préparait des sanctions contre les délégués. Ils voulaient s'adresser au directeur et le trouvent flanqué, comme d'habitude, de son fidèle huissier de justice. Et quand ils demandent à ce monsieur de bien noter ce qu'ils ont à dire au directeur, celui-ci leur rétorque nerveusement qu'il n'a pas d'ordre à recevoir. Même le Procureur parle de circonstances atténuantes, des excès de la société libérale, des entreprises qui licencient et qui font des profits, du sérieux de l'assistance - une centaine de travailleurs sont présents, à l'intérieur et à l'extérieur de la salle d'audience -, et demande une simple condamnation de principe. Le juge annonce : "Le jugement sera rendu le 8 février". Mais quand seront jugés les capitalistes qui mettent les travailleurs à la rue pour améliorer leurs profits ? 

Loïc 

Saint-Ouen Luttes n° 10 du 1er février 2001

ALSTOM - TRANSFORMATEURS SAINT-OUEN

Une belle journée !

C'est le 6 janvier 2000 que le plan de licenciements d'Alstom TSO a été découvert dans un ordinateur. Bientôt un an, déjà ! Et la Direction va devoir attendre encore un peu, car elle a été traînée devant les tribunaux par les organisations syndicales, et un jugement "sur le fond" est prévu le 16 janvier. Pendant ce temps, les commandes continuent à s'accumuler, rendant les projets de suppressions d'emplois chaque jour plus scandaleux.

Mais il y a une journée que nous ne sommes pas prêts d'oublier, c'est le vendredi 27 octobre. L'action avait été décidée en assemblée générale. Dès 6 heures du matin, des piquets de grève se sont formés aux deux portes de l'usine. Deux directeurs de fabrication, la directrice des ressources humaines et un huissier étaient là aussi. L'un des directeurs faisait du racolage systématique : " Vous pouvez rentrer... " Résultat : 15 personnes ont travaillé ce jour-là, sur un effectif de 595 ! On peut dire que le mécontentement est largement partagé. La " liberté du travail " était pourtant respectée, mais justement, c'est la Direction qui veut nous l'enlever, cette liberté du travail !

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°9 du 15 décembre 2000

SAINT-OUEN - ALSTOM - TSO

Un plan peut en cacher un autre !

Derrière les licenciements...

Saint-Ouen Luttes a rendu compte du plan de licenciements en cours de procédure à Alstom-TSO (Transformateurs Saint-Ouen), plan de 194 suppressions d'emplois sur un effectif de 600 personnes environ, annoncé en mai, et dont le chiffre a été révisé à la baisse en septembre (47 suppressions d'emplois en moins). La Direction de l'entreprise justifie ce plan par une baisse des commandes et des profits... pour l'usine, car pour le groupe Alstom dans son ensemble, commandes et profits se portent très bien.

...la délocalisation

Est-ce que ce plan n'en cache pas un autre à terme, à savoir la délocalisation : la fin de toute production à Saint-Ouen et son déménagement en Turquie ? C'est ce que se demandent beaucoup de travailleurs.

L'annonce, au cours du C.E. de septembre, du déménagement complet de l'autre usine du site (SIF, signalisation ferroviaire) vers Clichy ou Villepinte, semble confirmer pour le moins une politique de transformation du site.

Il est exact que la Direction veut, dans l'immédiat, abandonner la production des transformateurs les plus petits, et les moins chers, et spécialiser l'usine dans les plus gros et les plus rentables. Mais où ira la part de production abandonnée ? En Turquie, dans une usine rachetée à la firme allemande AEG il y a quelques années.

Pour tenter de retarder le plan de la Direction, les organisations syndicales, en réunion de CCE, ont nommé un expert économique. Celui-ci a demandé des informations sur l'ensemble du groupe, car l'Alstom possède une douzaine d'usines de transformateurs dans le monde. Il en ressort que la baisse de la production et des effectifs programmée à Saint-Ouen (- 30%) est exactement du même ordre que la hausse prévue dans l'usine turque (+ 30%). L'expert demande alors les chiffres prévisionnels pour les 3 années à venir. C'est le quasi-doublement à Gebze en Turquie. Si le principe des vases communicants doit encore s'appliquer, c'est la fin de la production à Saint-Ouen !

C'est une hypothèse, évidemment, car les décisions statégiques des grands capitalistes sont tout sauf transparentes et démocratiques.

Après le "produir français", la "logique industrielle "?

Il fut un temps où les directions syndicales mettaient en avant le slogan nationaliste "Produisons français".

Il est tombé en désuétude. Mais il se maintient sous une nouvelle forme : la défense du créneau de la haute technologie en Europe.Des responsables politiques et syndicaux ont emboîté le pas et laissent entendre, par exemple, que les plus gros transformateurs de centrales, les plus complexes, pourraient être fabriqués ailleurs qu'en France.

C'est l'opinion d'un certain nombre de cadres, de techniciens, d'ouvriers hautement qualifiés et même de certains syndicalistes que de croire en la soi-disant supériorité naturelle des pays occidentaux. Croire qu'on conservera notre travail en aidant les capitalistes à maintenir cette avance technologique et en faisant des sacrifices est une illusion, il n'y a pas de "logique industrielle" opposée à la" logique financière", les actionnaires ne demandent jamais leur avis aux travailleurs si ce n'est à quelle sauce ils veulent être mangés

Une seule garantie, la lutte des travailleurs

Le développement de la sous-traitance - dans le plan de restructuration de l'Alstom, il y a aussi la mise en sous-traitance de la chaudronnerie (30 travailleurs), de la moitié de la menuiserie (11 travailleurs) et 40% de l'entretien (14 travailleurs ) - ou la délocalisation , c'est leur manière à eux de garantir ou d'accroître leurs profits.

Nos problèmes, à nous les travailleurs, concernent la hausse et la garantie du salaire, l'amélioration des conditions de travail et de sécurité. Sur ce terrain, nous sommes sur la même longueur d'onde que les travailleurs de Turquie qui ont le même patron.

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°8 du 5 novembre 2000

SAINT-OUEN - ALSTOM - TSO

147 au lieu de 194

Les documents préparatoires au Comité central d'entreprise du mercredi 4 octobre annoncent 147 suppressions d'emplois à Alstom-TSO (Transfor-mateurs Saint-Ouen) au lieu des 194 annoncés en mai, soit 47 de moins. Pour 100 millions de commandes supplémentaires, ils nous font l'aumône de sauver 47 emplois, mais ils continuent à vouloir licencier 147 d'entre nous. Or le bénéfice net d'Alstom a progressé de 15 % ! Les licenciements devaient être effectifs en juillet, des batailles de procédures ont permis de retarder un peu l'échéance. Mais la mobilisation doit peser pour faire cesser le scandale : des milliards de profits d'un côté et des travailleurs jetés à la rue de l'autre.

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°7 du 30 septembre 2000

SAINT-OUEN - ALSTOM

Attention, voilà les 35 heures !

 

Un malheur n'arrive jamais seul, paraît-il. La procédure en cours, pour les 194 suppressions d'emplois mise en route par l'Alstom, devrait se poursuivre jusqu'en octobre. Et voilà que tombent les premières propositions de la Direction sur les 35 heures. Elles ont déjà convaincu plus d'un qu'il allait falloir « faire quelque chose ».

En voici quelques exemples :

&emdash; suppression des pauses casse-croûte d'un quart d'heure le matin,

&emdash; temps de repas situé au milieu de la journée de travail, c'est-à-dire de 10 h à 10 h 30 par exemple pour l'équipe du matin,

&emdash; baisse des primes d'équipe de 850 F par mois en moyenne pour les équipiers de jour, et de 1030 F pour les équipiers de nuit,

&emdash; réduction des plages variables à 15 minutes, alors que les bureaux par exemple avaient 1 heure 30, pouvant arriver le matin entre 7 h 15 et 8 h 45,

&emdash; modulation sur l'année, avec des périodes de 6 semaines de 6 jours et des périodes de 6 semaines de 4 jours. Six semaines de suite avec le travail le samedi !

&emdash; suppression de tout un tas d'avantages comme la possibilité de partir deux heures plus tôt les veilles de fête, d'avoir une journée payée pour aller à l'enterrement d'un beau parent, ou une demi-journée pour des soins médicaux, etc, etc.

Et il y a tout de même un bon côté dans l'affaire, la réduction du temps de travail, direz-vous ? Même pas ! Car, avec la notion de "temps de travail effectif", la direction veut soustraire des 39 heures actuelles les quarts d'heures de casse-croûte du matin, les temps d'habillage et de déshabillage, et nous serions déjà "effectivement"... à 36 heures. La réduction est donc de 1 heure par semaine soit 12 minutes par jour. Les 30 ouvriers de l'équipe de nuit, avec deux casse-croûtes payés, et un "travail effectif" de 34 heures et quart, devraient donc voir leur temps de travail augmenter de trois quarts d'heures, pour arriver à 35 heures ! Absolument incroyable !

Et ne parlons pas non plus, évidemment, de créations d'emplois. Ce qui était pourtant la grande raison d'être, officiellement, de cette loi des 35 heures.

Une belle arnaque !

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°6 du 21 Juillet 2000

ALSTOM

Le gouvernement agit... pour diviser !

Alors qu'un appel était lancé par les syndicats dans toutes les usines Alstom pour manifester contre les licenciements, deux nouvelles tombaient à point nommé. D'abord la publication des "résultats" du groupe par Pierre Bilger, le PDG : "carnet de commandes élevé", "résultat hors Energie : +23%", "bénéfice par action : +40%". Notre patron ajoute même : « grâce à l'intégration complète de Alstom Power, Alstom bénéficiera totalement du redressement et des synergies potentielles de cette activité ». Bref, en rachetant dans ABB-Alstom-Power la part de ABB, Alstom s'attribue à l'avance la totalité des avantages en termes de bénéfices que constitueront les 10 000 licenciements programmés ! Voilà pour le patronat. Mais le gouvernement n'a pas voulu être en reste ! Le Comité interministériel pour l'aménagement du territoire venait, de son côté, d'annoncer la répartition de sommes allouées par Bruxelles et par Paris. Belfort se voyait attribuer une des "aides" les plus importantes, au titre de la reconversion industrielle pour plus d'un millier d'emplois : 196,5 millions de francs. Et l'agglomération de Roubaix avait également sa dotation (l'usine Alstom de Lys-Lez-Lannoy, en particulier, est menacée de fermeture).

Ainsi, les tracts syndicaux qui proclamaient lors de la manif précédente : « les pouvoirs publics, le gouvernement sont placés face à leur responsabilité, ils ne peuvent s'y soustraire... », avaient leur réponse. Le gouvernement n'avait pas l'intention du tout de se soustraire à ses responsabilités... d'état-major de la bourgeoisie. Il prévoit les futures reconversions industrielles, comme si celles-ci étaient possibles, ce qui autorise du même coup les suppressions d'emplois contre lesquelles nous nous battons. Nous devons donc lutter contre le patronat ET contre le gouvernement. Avec les mêmes revendications : Non au chômage, non aux licenciements !

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°5 du 23 Juin 2000

Les licenciements à l'Alstom.

Qu'en est-il du plan de licenciements, que vous aviez découvert par hasard en janvier sur l'Intranet de l'entreprise ?

- Les documents préparatoires pour la réunion du CCE (comité central d'entreprise) présentent un plan aggravé par rapport au projet de janvier puisqu'il prévoit 194 suppressions d'emplois au lieu de 184. Sur 614 personnes, ça fait exactement 30 %. Le nombre de pré-retraites n'est pas précisé. Par contre, il y a un chantage aux 35 heures. La signature d'un accord de 35 heures " en moyenne sur l'année " pourrait sauver 29 emplois. En clair : signez l'annualisation, la flexibilité et le blocage des salaires, et nous ferons quelques licenciements en moins ! En ce qui concerne les pré-retraites, ce n'est peut-être pas un hasard si le nombre n'est pas précisé ; la Direction a un projet-maison avec une baisse de salaire de 30 % ! Sans oublier que beaucoup de travailleurs immigrés, de femmes et même d'ingénieurs n'ont pas tous leurs trimestres de cotisations. De toutes façons, il resterait plus d'une centaine de licenciements " secs ".

Quelle est la réaction des travailleurs ?

- Le 19 mai, à 150, nous avons empêché la tenue de cette réunion de CCE en bloquant la Maison de la Chimie (rue Saint-Dominique à Paris) où elle devait se tenir. De même, le jeudi 27 avril, la réunion de CCE devant annoncer les licenciements dans la division Transport avait été bloquée par les travailleurs en manifestation devant le siège (rue Albert Dhalenne à Saint-Ouen). Même scénario le 12 mai à Levallois pour le CCE de la division Alstom Power au sujet des 1500 licenciements à La Courneuve, Lys-lez-Lannois et Belfort. Pour le mardi 23 mai, les travailleurs de toutes les filiales Alstom se lancent dans une action nationale. S'unir pour arrêter les licenciements dans toutes les filiales Alstom et dans toutes les boîtes, c'est ce qu'il faut organiser.

Sol et un travailleur de l'Alstom Saint-Ouen

Saint-Ouen Luttes n°4 du 20 mai 2000

« Sortir de l'usine, voilà ce qu'il faut faire »

Bruxelles - 10 avril

J'étais à la manif européenne des Alstom. Des usines de six pays étaient représentées Angleterre, Belgique, Allemagne, Espagne, France, Italie. Ce que je retiendrai surtout de cette journée, c'est ce que m'ont raconté les gars de Lys-lez-Lannois. Je crois que c'était eux, proportionnellement, les plus nombreux à la manif: 216 pour une usine de 330 personnes, c'est beaucoup. Plus que Saint-Ouen (un car) et La Courneuve (trois cars). I1 faut dire que leur boîte est menacée de fermeture. L'Alstom cherche un repreneur ! (Ils fabriquent des chaudières pour centrales et usines d'incinération). Ils me racontaient qu'en 1992, ils ont fait plusieurs semaines de grève contre des licenciements. Assemblée générale tous les matins, et, chaque jour, "visite" de boîtes : La Lainière, La Redoute, etc. A l'époque, ils s'appelaient Stein Industrie. Et ils ont fait parler d'eux, ils ont gagné la sympathie de beaucoup de travailleurs, mais sans plus. Actuellement, ils visent l'union avec deux autres boîtes relativement proches, frappées elles aussi par des plans "sociaux" : Claes-Poclain (machines agricoles) et Unilever. Là, ce sera vraiment une unité de lutte. En plus, le climat social n'est plus tout à fait le même : nous sommes dans l'après novembre décembre 1995. Le secteur public bouge (profs, hôpitaux, Impôts, Poste, etc.).

Un petit risque d'extension dans le secteur privé, il n'a que ça qui pourrait leur faire peur, au patronat comme au gouvernement. Que des travailleurs menacés de licenciements réagissent, c'est normal, pour eux. Qu'il faille cracher quelques millions pour faire passer la pilule, c'est inévitable. Qu'il y ait des dégâts matériels, même, peu importe, les assurances assurent. Mais que le mouvement de lutte commence à s'étendre, ça, c'est inquiétant ! Les Lys-lez-Lannoy ont la bonne tactique. Et ils ont pour eux un climat favorable.

Saint-0uen - ll avril

Nous faisons d'abord un tour dans les ateliers (de TSO, transformateurs Saint-0uen), ce qui nous permet de constater qu'il n'y a presque plus personne à travailler. Nous descendons l'avenue Gabriel Péri derrière notre banderole jusqu'au marché Ottino. Un retraité de l'atelier Bobinage, audonien, rejoint notre cortège, puis un ouvrier qui vient d'être opéré, puis une chômeuse ! Des tracts sont distribués en expliquant la situation de l'emploi sur le site Alstom, et en invitant à la conférence de presse prévue à la sortie de l'usine demain à 16 heures.

Saint-0uen - 13 avril

Trompette, défilé et distribution de tracts : cette fois, c'est nous qui sommes surpris, dans l'atelier, de voir passer les "extemalisés" de la SIF (Alstom - Signalisation Ferroviaire). Ils sont venus d'Argenteuil et de Saint-Denis. "Réintégration par l'Alstom des 216 salariés externalisés", demande leur tract. "Vendus" par l'Alstom et déménagés de Saint-Ouen en 1998, ils ont démarré leur mouvement de lutte le jour (fin novembre 1999) où leur patron a convoqué les délégués pour annoncer : "Désolé, il y a un petit problème, il n'y a plus d'argent pour verser vos salaires !"

"C'est ça qu'il faut faire, foutre la merde dans les autres boîtes", me dit un jeune qui bosse avec moi. Je ne sais pas si c'est spécialement à l'Alstom ou à Saint-Ouen, mais cette semaine, le vent qui soufflait poussait à sortir de l'usine pour rencontrer les autres travailleurs, pour partager notre mécontentement.

Loïc

Rectificatif : dans l'article sur l'Alstom de SOL n°2, le lecteur aura corrigé de lui-même, ABB-Alstom-Power compte 54 000 salariés et non 54 et avec les salariés de l'Alstom cela fait au total 145 000 salariés et non 145.

Saint-Ouen Luttes n°3 du 14 avril 2000

Manifestations contre les plans de licenciements

« Nous exigeons le retrait de tous les projets de plans de suppressions d'emplois avec leurs cortèges de licenciements ! » : le 18 février, 400 travailleurs de l'Alstom TSO et SIF (Transformateurs St-Ouen et Signalisation Ferroviaire) manifestaient au siège de leur société, avenue Kléber à Paris, aux côtés de collègues de 8 autres sites du groupe Alstom, en particulier ceux de la Courneuve, mais aussi 50 travailleurs de Lys-les-Lannoy, près de Roubaix, dont l'usine est menacée de fermeture. Une occasion de se rencontrer, appréciée particulièrement par les "externalisés" de la SIF, plus de 120 travailleurs revendus à un sous-traitant basé à Argenteuil et à St-Denis, et qui ne sont donc plus de Alstom depuis un an et demi. Mais eux aussi sont menacés de licenciements. « Vous, vous n'êtes pas concernés » : ça c'est le refrain des directeurs, relayés par les agents de maîtrise dans les ateliers et bureaux, aussi bien à Belfort, où sont prévus 796 suppressions d'emplois, qu'à St-Ouen (TSO, où le chiffre est de 184 (soit 30 % du personnel). « Vous n'êtes pas concernés », c'est-à-dire : « Ne réagissez pas, contentez-vous d'espérer que vous ne faites pas partie de la charette de licenciements, et ne tombez pas dans une lutte de solidarité ! ». « Vous n'êtes pas concernés », nous disent les patrons, mais tout le monde est concerné ! Après Michelin ; après Moulinex, Alstom ; et demain ? Les Alstom prévoient une autre manifestation, encore plus large, le 15 mars, au siège de kléber à 10 H, puis vers Matignon. Car pendant que le patronat engrange les milliardset réduit les travailleurs à la misère, le gouvernement nous répète que la situation s'améliore. Ca suffit ! Non aux licenciements ! Nous sommes tous concernés !

Loïc

Alstom est une multinationale qui emploie 91 000 personnes dans 60 pays. Sa filiale commune avec ABB, ABB-Alstom-Power, emploie, elle, 54 personnes. Cette dernière a annoncé à elle seule, fin février, 10 000 suppressions d'emplois (près de 20 % du personnel), à La Courneuve, Belfort, Lys-les Lannoy, etc. mais les pays proportionnellement les plus touchés sont la Chine et l'Inde. Face à de telles mastodontes (total : 145 personnes !), les travailleurs ont intérêt à lutter au-delà des divisions en filiales, sans tenir compte des frontières.

Saint-Ouen Luttes n° 2 du 7 mars 2000

ALSTOM SAINT-OUEN

Un plan de licenciements découvert sur l'intranet

Près de 300 personnes sur 620 travaillent sur écran à l'Alstom-TSO (transformateurs Saint-Ouen). Stupéfaction quand ils découvrent, au cours de la première semaine de janvier, en surfant sur l'intranet de l'entreprise, un plan de 184 suppressions d'emplois : 88 licenciements secs en juillet 2000, 68 préretraites en septembre, 19 mutations dans le Groupe (à Villeurbanne, en Chine, en Indonésie...) et des mises en sous-traitance. Au total, 30 % du personnel, près d'un travailleur sur trois !

Interpellé au cours de débrayages massifs réunissant plus des trois-quarts du personnel, le directeur n'a pas nié que ce texte, intitulé " Commentaire - Budget 2000-2001 ", était bien de lui. Mais " ce n'est qu'un projet ", a-t-il répété, " il n'est pas encore validé " (sous-entendu : par la Direction générale de l'Alstom).

Des consignes avaient bien été données en décembre, pour sauvegarder les fichiers informatiques, par peur du bogue de l'an 2000. Mais les documents confidentiels devaient être sauvegardés à part !

Fâcheuse coïncidence pour le directeur : il venait d'envoyer à chaque salarié une lettre de voeux, à domicile. " Ensemble nous réussirons ", écrivait-il, " Heureuse année 2000 à chacun d'entre vous et à votre famille ". Ses voeux ont été plutôt mal reçus !

Quelques jours après, le groupe Alstom publiait ses chiffres du 31 décembre 1999 : " Performance exceptionnellement élevée ", " Commandes en hausse de 22% ", " Forte croissance du chiffre d'affaires, en hausse de 16% ".

Les milliards d'un côté, les licenciements de l'autre. Le coupable a un nom, c'est le capitalisme. La course aux profits.

Les travailleurs d'Alstom-TSO, en réagissant immédiatement, ont donné un avertissement : ils ont montré qu'ils n'entendent pas laisser l'Alstom faire ses mauvais coups sur le dos des travailleurs.

 

Loïc

Le dimanche 16 janvier à 0 h 45, c'est-à-dire dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16, Jean-Claude, un chômeur de 51 ans est décédé dans un jardin ouvrier derrière les usines Alstom. Ce n'était pas un ancien travailleur de l'Alstom, mais c'est la même chose : les licenciements, ça peut mener jusque-là.

 

Saint-Ouen Luttes n°1 du 7 février 2000

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