Saint-Ouen Luttes n°27
 

17 janvier 2003

Au sommaire

Cité Cordon-Taupin : Ça jette un froid ! *
Côte d'Ivoire : Seigneurs de guerre et brigands impérialistes *
Pour les " gens du voyage " : Une mini-aire de stationnement *
Statistiques ? C'est 100 % répressif *
Les victimes de l'amiante
TOTAL : Beaucoup de questions *
Bruce Clarke : " Je vous écris du jardin de la mémoire " *
Abraham Amintas ouvre le ciel *
Attaque brutale contre les chômeurs *
Editorial : A bas la guerre contre l'Irak ! *

Cité Cordon-Taupin

Ça jette un froid !

Les habitants de la cité Cordon-Taupin n'apprécient pas du tout. L'office municipal des HLM a eu l'heureuse idée de faire changer les fenêtres maintenant, en plein hiver. Imaginez vos fenêtres grandes ouvertes toute la journée jusqu'à 18 heures, par moins 5 degrés. En plus, ce sont des fenêtres " à la française ", très difficiles à nettoyer, et les stores ne les recouvrent qu'à moitié seulement ! En clair, ce n'est pas celles-là que les locataires auraient choisi s'ils avaient été consultés. Mais ce seront eux qui paieront quand même. Délégation massive, courriers, réunions... Résultat, pour l'instant : la directrice de l'OPHLM porte plainte contre l'amicale parce que des fils électriques de l'entreprise qui fait les travaux ont été coupés ! Mais en même temps, elle conteste la représentativité de l'amicale ! Et cerise sur le gâteau : les ouvriers travaillent sans aucune sécurité, sans échafaudage ni harnais de sécurité.

Loïc

Côte d'Ivoire

Seigneurs de guerre et brigands impérialistes

Que sortira-t-il de la conférence de Paris ?
Le ministre des Affaires Etrangères, Dominique de Villepin, a convoqué les factions rivales de Côte d'Ivoire, soi-disant pour mettre fin à la guerre civile qui ravage ce pays depuis des mois et en prétendant que c'est pour empêcher " un nouveau Rwanda ".

Depuis la mort d'Houphouet Boigny en 1993, après 33 ans de règne appuyé sur un parti unique, le PDCI, l'Etat ivoirien, miné par la corruption, les affrontements entre clans politiques et militaires des héritiers potentiels du dictateur, n'a cessé de se désagréger.

Depuis la mutinerie du 19 Septembre 2002, la Côte d'Ivoire est un pays dépecé en trois par des bandes armées. Celles de Laurent Gbagbo, dans le sud, " le gouvernement légitime " soutenu par la France, s'appuie sur des mercenaires et des commandos parallèles de la gendarmerie pour perpétrer des massacres, en particulier à Abidjan, la capitale, à l'encontre d'habitants des bidonvilles, Burkinabés, maliens ou des opposants ivoiriens du sud.

Le nord est aux mains de la rébellion du MPCI qui exige le départ de Gbagbo, l'abandon du concept d'Ivoirité, nécessaire actuellement pour être citoyen, et l'organisation de nouvelles élections. L'ouest du pays est tenu par une troisième organisation issue du MPCI.

L'impérialisme français a envoyé sur place 2500 hommes équipés de blindés, d'hélicoptères, d'artillerie lourde, soi-disant pour s'interposer et protéger les ressortissants français. Ceux-ci, au nombre de 20000 ne comptent pas partir. Il font, pour l'essentiel partie du personnel d'encadrement d'entreprises françaises comme Bouygues, Bolloré, Totalfina, France-Télécom qui mettent le pays en coupe réglée. Ce n'est pas un hasard si l'armée française s'est déployée tout au long du trajet reliant Daloa, la capitale du cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, à San Pedro, principal port d'exportation.
 

La conférence n'a d'autre but que d'empêcher l'éclatement de l'Etat ivoirien, ou, si ce n'est pas possible dans l'immédiat, de soutenir la faction la plus apte à l'emporter. La véritable mission de l'armée française dans ce pays est d'y garantir la sécurité des profits au détriment des populations ivoiriennes.
 

Hors de Côte d'Ivoire les troupes françaises !

Léo

Pour les " gens du voyage " :

Une mini-aire de stationnement

A une touchante unanimité le conseil municipal de Saint-Ouen a décidé, car c'est la loi, la création d'une aire de stationnement de 30 places ? soit 3500 m2 ? pour les gens du voyage. C'est une obligation légale pour les villes de plus de 500 habitants.

Cette décision, tardive, s'inscrit dans un schéma départemental d'accueil pour la Seine-Saint-Denis, à qui il en était demandé 800. Il n'en a été prévu que 600, ce qui semble a priori insuffisant pour les 800 caravanes qui hivernent chaque hiver dans le département.

On applique la loi au mini, en installant cette mini-aire à l'autre bout de la ville, en zone inondable et en bordure de l'usine d'incinération. Quant aux problèmes des Roms sans-papiers Roumains, qui n'ont pas de caravanes, la loi ne prévoit évidemment rien pour eux. A eux de se trouver un lieu d'hébergement.

Léo

Le 11 janvier 2003 les gens du voyage manifestaient à Paris contre la discrimination,
pour des terrains et la liberté de voyage (Photo Daniel)

Statistiques ? C'est 100 % répressif

Cet été, fort discrètement la direction de l'Institut National de Statistique, l'INSEE a décidé de faire recenser les personnes " mobiles " par les communes.

Soit environ 2000 mariniers et 150 000 personnes vivant en caravane dans des terrains d'accueil ou en dehors. La majorité sont des Roms.

De nombreuses communes feront appel à des polices municipales pour recenser les personnes qu'elles jugent indésirables. Sous prétexte de recensement, on passe des statistiques au fichage !

Léo

Les victimes de l'amiante

Plusieurs audoniens étaient présents à l'assemblée générale de l'Addeva 93, l'association départementale des victimes de l'amiante du 93. Pour l'association, quatre entreprises de Saint-Ouen ont déjà des victimes connues des fibres d'amiante : Valéo, Alstom, la TIRU (traitement industriel des résidus urbains) et la CPCU (compagnie parisienne de chauffage urbain). Mais il ne faut pas oublier les petites boîtes, et les victimes " environnementales ". Parmi elles, est cité le cas d'une dame absente parce que trop gravement malade : elle n'a jamais travaillé, comme on dit, parce que femme au foyer, mais elle a été contaminée en lavant les bleus de son mari qui était docker sur le port de Gennevilliers. C'est l'association qui lui a appris pourquoi son mari était décédé : en manipulant des sacs d'amiante, et comment elle-même avait pu contracter une maladie due à l'amiante.

Un jeune homme est là pour, dit-il, " réprésenter son père ", mais il ne l'a jamais connu. Il est mort peu avant sa naissance, en 1973. Il travaillait dans une boîte de flocage d'amiante, dans le bâtiment. Elle fait maintenant de bonnes affaires... dans le déflocage !

Le nombre d'adhérents de l'association a doublé en un an, passant de 54 à 116. En deux ans, les adhérents de l'association nationale, l'Andeva, sont passés de 2700 à 7200. Le maximum de victimes devrait se situer vers 2025, et le total devrait être d'environ 100 000 morts en France.

L'association se dit déterminée à " continuer à se battre pour venger ceux qui sont morts " et pour faire valoir les droits des malades et des familles. Les patrons sont des " assassins ", ils savaient que l'amiante était mortel, et les pouvoirs publics étaient " complices ".

Loïc

 
 

TOTAL

Beaucoup de questions

Il y a en Île-de-France 103 sites à risque, dits " Seveso ", dont 51, les plus dangereux, son "autorisés avec servitudes d'utilité publique ". Le dépôt Total, situé au bord de la Seine, entre la rue Pierre et la rue Ardouin, fait partie des plus dangereux. On nous dira, bien sûr, qu'il est parfaitement sécurisé. C'est ce qu'on répétait aux habitants de Toulouse au sujet d'AZF avant l'explosion. Qui dit carburant dit risque d'incendie. Or, le site a connu il y a quelques années un important incendie au cours duquel un pompier a été gravement blessé.

La création d'une voie à grande circulation à proximité et le développement de la zone RER-Victor Hugo sont-ils compatibles avec un tel site ? par ailleurs, il est en zone inondable. Les nappes phréatiques sont au plus haut. Et on voit une raffinerie de pétrole brûler a Mohammedia, au Maroc, pour cause d'inondations.

 

Le fait d'être classé à risque contraint à toute une série d'obligations : étude de dangers régulièrement actualisée, plan d'opération interne de l'entreprise, plan particulier d'intervention de la Préfecture,ÖDeux périmètres sont délimités autour du site, le premier est celui autour duquel un accident pourrait avoir des conséquences mortelles, le deuxième celui où il pourrait avoir des effets irréversibles sur la santé. L'entreprise doit informer la population. Avez-vous été informés ? Par Saint-Ouen-Luttes un petit peu. Mais par la société dont le nom est désormais associé à la marée noire de l'Erika...

Loïc

Bruce Clarke :

"Je vous écris du jardin de la mémoire"
Bruce est photographe et plasticien. A l'espace 1789, il nous promène dans un curieux et sombre jardin, celui de la mémoire de l'année 1994 au Rwanda, du génocide des Tutsi et du massacre des opposants hutus, où la France était plus qu'impliquée aux côtés du gouvernement raciste et criminel. A voir. Une exposition émouvante et forte. Entrée libre.


 
 
 

Abraham Amintas ouvre le ciel

Paulo Amintas, dit Abraham, expose ses peintures à la maison de quartier Pasteur. Il est vagabond, bohème. De ses périples, il ramène des images de la Guadeloupe, des coups d cúur et des visions. L'histoire de son peuple, les haines, les cyclones, la France, le fouet, le carcan, les rébellions, la tendresse, le tambour, les bouleversements de la planète. Il chante, écrit, peint et raconte. Une expo évolutive à voir jusqu'au 24 janvier 2003. C'est gratuit !

Daniel

Attaque brutale contre les chômeurs

Le Protocole d'accord du 20 Décembre sur le " retour à l'équilibre du régime d'assurance chômage ", signé par le MEDEF, la CGPME, l'UPA, la CFDT, la CGC, la CFE, la CGC et la CFTC est une attaque importante contre les droits des chômeurs. Les droits des chômeurs à l'indemnisation sont dramatiquement remis en cause : sous prétexte d'une simplification des filières d'indemnisation, la durée du travail nécessaire sera allongée et la durée d'indemnisation réduite. Il faudra 6 mois de travail sur 22 (au lieu de 4 sur 18) pour avoir droit à la période minimum d'indemnisation de 7 mois. Les salariés âgés de plus de 50 ans, qui bénéficiaient d'un régime plus favorable que les autres voient leurs droits s'effondrer. S'ils deviennent chômeurs à partir du 1er Janvier, une partie d'entre eux va se retrouver dans le régime commun Leurs droits leur permettaient jusqu'à maintenant, pour ceux approchant les 40 années de cotisations, de faire le relais avec la retraite, ce qui est maintenant remis en cause. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les chômeurs vont voir leur allocation baisser de près de 2 % pour une cotisation supplémentaire pour les retraites complémentaires.

Stéphane

Editorial

A bas la guerre contre l'Irak !

Pourquoi cette guerre annoncée depuis des mois par Bush et qui semble être l'objectif d'une partie de l'administration américaine ? Parce que Saddam Hussein détiendrait des armes de destruction massives, y compris nucléaires ? Personne n'y croit.

Parce que Saddam Hussein est un dictateur sanglant qui torture son propre peuple ou massacre les kurdes ? Là n'est pas la question. Les Etats-Unis s'en sont accommodés des années durant, surtout quand il s'agissait de faire front à l'expansion islamiste de Khomeiny. Lors de la guerre du golfe, ils avaient l'occasion de s'en débarrasser. Ils ne l'ont pas fait.

Le pétrole alors ? Il est impossible de parler de l'Irak sans parler de ses réserves en hydrocarbures. Depuis une vingtaine d'années les experts pensent qu'elles sont les deuxièmes du monde. A ce titre elles excitent bien des appétits. Les trusts américains de l'énergie, Chevron-Texaco, Exxon-Mobil, freinés dans leur expansion par l'Etat irakien, rêvent à coup sûr de mettre la main directement sur ces gisements. L'envoi de la flotte britannique dans le Golfe n'est évidemment pas étrangère aux appétits de la British-Pétroleum. Quant à l'attitude de Chirac affirmant que les militaires français doivent " se tenir prêts à toutes éventualités ", en particulier en cas de guerre contre l'Irak, n'a évidemment rien à voir avec la récente signature d'accords d'exploitation entre Saddam Hussein et Totalfina-Elf !.. Les pétroliers français, soutenus par le gouvernement, n'entendent évidemment pas se laisser déposséder par les compagnies américaines et pour être là au moment de la curée en cas de victoire sur l'Irak, il faudra envoyer la troupe ou le Charles de Gaulle, ou les deux. Cela était déjà vrai lors de la guerre du Golfe. Les USA veulent-ils diversifier leurs approvisionnements, dépendre moins des ressources d'Arabie Saoudite et du Vénézuela ? Sûrement. Veulent-ils faire baisser les cours du pétrole car les gisements Irakiens promettent d'être bien moins coûteux que l'exploitation du pétrole off-shore ? A coup sûr. Les USA veulent-ils mettre la main sur ces ressources pour tenir à l'écart leurs rivaux européens ou japonais en monopolisant l'essentiel des réserves mondiales de naphte ? On peut en convenir. Le jeu est risqué. Une guerre longue ferait monter les cours du pétrole au détriment de la reprise de l'économie mondiale, si reprise il y avait à l'horizon.

Ces raisons ne sont pas décisives pour expliquer pourquoi c'est justement maintenant que l'Etat américain a massé environ 150 000 hommes autour de ce malheureux pays, se préparant sans état d'âme, à faire des dizaines de milliers de morts civils et militaires. Les intérêts des grandes puissances ne se limitent pas à ceux des trusts pétroliers. Aux yeux de l'administration républicaine cela fait trop longtemps que le dictateur irakien survit à la pression des USA. Il est la preuve vivante que l'on peut s'opposer à la politique américaine et rester en place. Si ce n'est pas un encouragement à la révolte, ça veut dire quoi ? Il était indispensable en 1991 face à un vaste soulèvement populaire, mais les USA pensent aujourd'hui disposer d'une solution de remplacement viable, et comptent sur la démoralisation de la population après 10 ans de bombardements et d'embargo. Les dirigeants de la Corée du Nord savent qu'ils sont jouent leur existence si l'Irak est envahi, et font pression pour faire lever l'embargo qui pèse sur eux.

La politique de la terreur, celle du gros bâton, est pour l'impérialisme un moyen de gagner du temps, pas de résoudre les problèmes de la population mondiale. Non à leur soi-disant croisade de la démocratie contre le mal ! Non à leur croisade contre les peuples et les travailleurs d'Irak.
 
 

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