Le samedi 8 mars, les travailleurs de Conforama étaient en grève. Mouvement national, dans tous les magasins de France, mais particulièrement réussie à Saint-Ouen. Motif : les salaires.
La négociation annuelle avait débuté le 11 février, au siège, à Marne-la-Vallée. Dans un premier temps, la direction annonçait 1% pour les employés de base : caissières, dépôts, rayons de libre service. Ensuite, elle a ajouté 0,8 %... à partir doctobre. Soit une moyenne de 1,2 % sur lannée. Ce qui ne compensait même pas, pour les plus petits salaires, la hausse des prix. Pour les vendeurs, rien. Comme ils sont "gueltés", cest-à-dire quils touchent un pourcentage sur les marges bénéficiaires des ventes, ils nont quà compter, comme dhabitude, sur les hausses des prix. Et pour les chefs de rayons, de 3,3 à 12 % ! Mais avec un important changement de leur mode de rémunération : un fixe qui passe de 50 % à 93 %.
Le lundi 3 mars après-midi, des délégations de la France entière manifestaient à Marne-la-Vallée, devant les bureaux de la direction. Les magasins de lIle-de-France étaient évidemment bien représentés : Bondy, Garges, Colombes... et Saint-Ouen. Il y a une présence syndicale de plus en plus forte à Saint-Ouen depuis deux ans, et des choses avaient été obtenues : passages en CDI de précaires, régularisation de travailleurs qui nétaient pas payés conformément à la convention collective.
Le samedi 8, cétait la grève. Succès à Saint-Ouen. 60 personnes étaient sur le parking, près de la moitié des 134 employés. Toutes les catégories étaient présentes. Et bon accueil des "clients", qui exprimaient leur soutien.
Cest une première au " Confo " de Saint-Ouen où, de lavis de tous, quelque chose a durablement changé.
Marie et Loïk
Sous couvert de décentralisation, le ministère de lEducation nationale veut faire de nouvelles économies, au détriment des élèves. Voilà ce qui est prévu en cas de gestion des personnels par les régions :
- la fonction des Conseillers dorientation-psychologue (CO-Psy) serait modifiée : au lieu de conseiller les élèves et leurs familles en fonction de leurs souhaits, ils auraient désormais pour mission de remplir les filières trop peu demandées et dissuader lentrée dans des filières qui ne correspondent pas au " bassin demploi ". Ils nauraient plus de permanences dans les établissements, mais uniquement dans les CIO ;
- les assistantes sociales ne seraient plus présentes non plus dans les écoles, au risque de ne plus pouvoir détecter certains problèmes, notamment ceux liés à lenfance maltraitée.
Dans le même temps, les surveillants deviendraient des Assistants déducation, moins payés et sur CDD de trois ans. Les Emplois jeunes, eux, seraient licenciés.
13 établissements de Seine Saint Denis étaient représentés lundi 24 mars à une assemblée générale. Ils ont voté la grève reconductible à partir du jeudi 27 mars. Cest la seule solution pour faire reculer le gouvernement et obtenir enfin des moyens pour léducation.
Paul
(suite du n°28 de Saint-Ouen Luttes)
Balata - camp de réfugiés dans les territoires occupés. Le chômage est la norme dans le camp, et plus encore depuis lIntifada, car personne ne peut plus se rendre régulièrement au travail, a fortiori en Israël. 70 % des habitants du camp sont privés demplois. A part ceux qui sont employés par lAutorité palestinienne, il ny a quasiment que des travailleurs précaires dans les 30 % restant. En Israël, le salaire dun ouvrier est de 3 000 shekels (environ 650 euros) et celui dun professeur de 6 000 shekels (1300 euros). Mais dans le camp, un professeur gagne 1 300 shekels (un peu plus de 250 euros) et un ouvrier est payé à la journée, pour un salaire denviron 60 et 70 shekels. Dans lUNRWA, les contrats de travail des Palestiniens nexcèdent plus un an (renouvelable) et le salaire a baissé de moitié (autrefois il était de un peu plus de 2 000 shekels par mois, soit 500 dollars). Il ny a plus eu de grèves depuis lIntifada. Le syndicat des professeurs de lUNRWA est important, mais pour ceux qui travaillent pour lAutorité palestinienne il est compliqué de revendiquer. Beaucoup de chômeurs ont un commerce pour survivre, sans grand espoir de vendre mais aussi pour soccuper. Chez les commerçants, il y a souvent 2 ou 3 sièges pour que lon puisse discuter. Nous rencontrons chez le marchand de légumes un médecin libéral qui a fait ses études en Roumanie. Il nous parle de la photo dun gamin tué auquel les services spécialisés israéliens ont ajouté une kippa pour les journaux, afin den faire un martyr. Il nous parle aussi des collaborateurs : " les gens sont pauvres, les Israéliens ont de largent ! " et souligne que les arrestations la nuit sont fréquentes. On appelle les soldats de ces patrouilles nocturnes les "Chevaliers de la nuit". Les salariés, lorsquils ont assez dargent à investir dans un hypothétique stock, tiennent aussi un commerce pour compléter leurs revenus (le prof à la retraite vend des chaussures, le véto précaire vend des C.D Rom piratés, le prof danglais vend de la papeterie, etc...). Mais il y a aussi une grande variété de petits producteurs agricoles, des coiffeurs, une quincaillerie, un café Internet et un stock de bonnets "Anarchy" qui font fureur auprès des habitants de Balata. Il y a trois écoles gérées par lUNRWA dans le camp, 2 pour les filles et une pour les garçons. Le cinq avril, six mois auparavant, lors dune incursion de larmée qui a durée trois jours, des soldats sont entrés de nuit et ont détruit le matériel, une photocopieuse ainsi que les ordinateurs. Des papiers ont été déchirés et couverts de peinture. Beaucoup de portes ont été transpercées par des tirs ou forcées. Un placard de ballons est criblé par une rafale. Aux deux interventions sur lécole sajoute la violence quotidienne de loccupation. Sur un an, trois élèves de létablissement ont été tués et environ 70 ont été blessés. Larmée endommage délibérément les canalisations deau. Au mois de juillet, la pollution de leau a provoqué de nombreuses fièvres et le nombre de consultation est passé à 11 907 en un mois, pour une moyenne qui se situe autour de 7 500 (il y a eu 200 cas sérieux de maladie à cause de cette pollution).
Naplouse compte plus de 200 000 habitants, auxquels il faut ajouter les villages (qui peuvent aller jusquà 10 000 habitants chacun) et 50 000 réfugiés dans les camps. La grande majorité des habitants sont musulmans, avec un millier de chrétiens et environ 700 Samaritains (une secte juive très ancienne, qui vit à lécart et dont les membres sont traités comme les autres Palestiniens). Cétait le plus grand centre commercial de Cisjordanie. Mais les blocages ont fait disparaître le grand marché des produits agricoles car la production est dispersée directement entre toutes les petites villes et villages. Deux des usines de savon, une production traditionnelle de la ville, ont été bombardées par les F-16 parce quIsraël y soupçonnait la fabrication de bombes. La prison aussi a été bombardée, ainsi que dautres bâtiments administratifs ou civils. La situation économique est donc très difficile. Radio Marhaba par exemple ne diffuse plus aucune publicité, même gratuite pour les commerces locaux : il ny a plus ni stocks ni clients... sans compter le couvre feu qui oblige à rester cloîtré avec sa famille.
Après huit jours, nous repartons par la même route, les mêmes check-points quà laller. En plein jour, des soldats contiennent la file dattente désordonnée avec une grande violence, par des ordres et des insultes, des coups de poing et des coups de crosse. Une volonté délibérée des occupants de couper tous les liens entre les Palestiniens qui vivent à seulement quelques kilomètres les uns des autres, les isoler, les harceler et les décourager. Pour les Palestiniens, ces attentes systématiques et lincertitude de pouvoir franchir chaque barrage sont un problème permanent qui sépare les familles, empêche de trouver du travail ou de sy rendre régulièrement et donne limpression de vivre en Cisjordanie comme dans une grande prison.
Paul et Relou
Expulsion dun logement de la Ville
Un peu partout en France, avec le concours de la police de Sarkozy, les expulsions locatives ont commencé avant même la fin de la trêve hivernale de la mi-mars.
Le jeudi 6 mars, à Saint-Ouen, au 25 rue Pasteur, ce sont les services de la mairie et de l'Office HLM municipal, eux-mêmes, qui ont procédé à cette sale besogne en changeant la porte dentrée de lappartement du 1er étage droite qui appartient à la ville. Ces "travaux" ont eu lieu alors que le père était au travail et que la mère menait son premier enfant à lécole Victor Hugo. Cette famille, victime d'un faux bail payé 1 500 euros à un marchand de sommeil qui sest fait passer pour le propriétaire, s'est retrouvé mise à la rue avec ses deux enfants (dont un de neuf mois) alors quelle vivait dans cet appartement depuis un mois.
Les habitants de la rue, leurs voisins, ont protesté contre cette injustice. Tous sinterrogent sur la manière de procéder des services municipaux : Pourquoi la mairie na-t-elle pas déposé une plainte devant les tribunaux qui sont les seuls habilités à demander une expulsion ? Pourquoi est-ce que ce sont les services de la ville et non la police qui procèdent à de telles actions ? Comment ont-ils osé mettre dehors une famille en pleine trêve hivernale ?
Cette attitude de la ville apparaît dautant plus scandaleuse, que moins dune semaine auparavant, le 28 février, la mairie avait organisé une rencontre avec les demandeurs de logement de la ville. Pendant cette réunion, Mme le Maire sest indigné, avec raison, du déficit de construction de logements sociaux dans les villes riches. Elle sest aussi alors prononcée clairement contre les expulsions sur la ville Paroles en lair, car quelques jours plus tard ce sont ses propres services qui rendaient inaccessible un logement vide depuis quatre ans, à des mal-logés qui avaient cru trouver un toit.
Laurent
Alstom TSO (Transformateurs Saint-Ouen)
La lutte contre les licenciements
Les travailleurs dAlstom-TSO sont contents au moins sur un point : à chaque fois quils font une action, ils passent à la télé. Evidemment, le projet de 105 suppressions demplois nest pas annulé. La procédure continue, elle doit durer jusquen juin. Mais sils continuent à agir comme ils le font, la direction pourrait commencer à sénerver !
Le 12 février, ils bloquent lentrée de la Maison de la chimie, rue Saint-Dominique à Paris, et empêchent la tenue de la première réunion du CCE (Comité central dentreprise). Le 4 mars, ils sinvitent sans prévenir (et sans payer : 700 euros la journée !) à un colloque organisé par la revue Liaisons Sociales dans les salons Hoche, à deux pas de la place de lEtoile. Thème du colloque : "Comment réussir juridiquement et socialement un plan de restructuration" ! Le 12 mars, ils organisent un comité daccueil devant lHôtel Harley, dans lîle de la Cité : cest là que Patrick Kron, le nouveau PDG du groupe Alstom, convoquait les journalistes économiques et financiers. Rencontres avec une dizaine de journaux, chaînes de télé et agences de presse. Le 13 mars, conférence de presse devant la porte de lusine, à Saint-Ouen. Le 21, défilé dans le cortège de tête de la manifestation européenne, aux côtés des Daewoo, Lu-Danone, ACT-Angers et Air-Lib. Slogan : " Les patrons licencient, licencions les patrons ! "
Les patrons en question pourraient commencer à ne pas apprécier ? Cest exactement ce que les travailleurs, eux, apprécieraient. Ils sont tout de même menacés dêtre mis à la porte.
Loïc
Une police municipale qui ne dit pas son nom
Avec la création dune "brigade dagents de surveillance de la voie publique", le conseil municipal a décidé de mettre en place une véritable police municipale. Les Verts ont voté contre. Dans le même temps, un commissariat supplémentaire doit être construit pour la police nationale cette fois, sur un terrain cédé gratuitement par la mairie.
Linsécurité serait donc le problème prioritaire sur Saint-Ouen. Voire ! Ces nouveaux agents auront pour mission les sanctions contre le stationnement gênant et les dépôts dordure sauvages, ainsi que la surveillance des puces.
Difficile, avec de tels objectifs, de justifier les déclarations de la mairie (ou du journal municipal) sur le thème : "linsécurité, une injustice sociale". La majorité municipale donne plutôt limpression de surfer sur les mêmes sujets à la mode que le gouvernement : insécurité et accidents de la route. Mais pour cela, on met sur le même plan de linsécurité stationnement en double file et agression armée.
Les élus de la majorité voient tellement peu comment justifier la création de cette police municipale quils le camouflent en "brigade dagents de surveillance de la voie publique". Comme cela le mot est lâché : "lutte contre linsécurité", bonjour les amalgames.
Paul
Les gouvernements qui depuis vingt ans ont prétendu sauver les retraites nont fait à chaque fois quaggraver les conditions des retraités et celles des travailleurs en activité. Aussi bien les mesures politiques, comme la décision de Balladur en 1993 dallonger la durée de cotisations pour le privé, que les mesures prétendument techniques ont toujours visé le même but : faire cotiser plus, et plus longtemps, les travailleurs, et leur verser une pension vieillesse de plus en plus réduite.
Largument démographique utilisé actuellement est que le déficit des caisses de retraite augmente avec laccroissement de lespérance de vie. Le nombre de retraités augmenterait trop par rapport aux travailleurs en activité. Cest un mensonge. La productivité du travail a augmenté et continue daugmenter de façon telle quelle compense, et bien au-delà, laugmentation de ce rapport retraités / actifs.
Dautre part, il y aurait bien assez dargent pour financer les retraites des travailleurs si lon sen prenait aux profits engrangés par les patrons et les riches. Ce sont les travailleurs et eux seuls qui ont créé ces profits par leur travail. Rien de plus juste et de plus normal que ce soient ces profits qui financent leurs retraites, à la fin de leur vie.
Aujourdhui, dans le cadre des négociations Etat-syndicats, les attaques contre le régime actuel redoublent. La dernière intervention de Francis Mer, le 23 Mars, expose clairement les buts du gouvernement et du patronat : " Il faudrait aux alentours de 2008 démontrer aux Français quils sont traités de manière équitable, au moins sous langle des durées de cotisations. " Passons sur le cynisme de la "manière équitable" et du "au moins". Cela veut dire, dans sa bouche, que les fonctionnaires doivent saligner sur le privé et passer à quarante années de cotisations. Il a même prôné, après 2008, une nouvelle augmentation de la durée de cotisations pour, selon ses termes, partager les " gains dexpérience de vie entre 2/3 pour le travail et 1/3 pour la retraite "
Il faudra riposter avec ampleur et détermination, pour préserver nos acquis dans ce domaine, et pour lutter pour que la durée générale de cotisations pour lensemble des travailleurs soit ramenée à 37 ans et demi.
Victor
Contre les crimes
impérialistes en Irak...
mais pas derrière Chirac
L'offensive américano-britannique en Irak, malgré son cortège de morts et de blessés civils, ne semble pas se dérouler selon les vux de Bush ou de Tony Blair qui misaient sur une guerre courte. Malgré la mobilisation d'une armada considérable, équipée des derniers cris de la technique moderne en matière de barbarie militaire, malgré les bombardements de terreur, le régime dictatorial de Saddam Hussein résiste et la population n'accueille apparemment pas les envahisseurs comme des libérateurs.
" Le chemin que nous suivons pourrait être long " a dû reconnaître George W. Bush.qui sapprête à transformer lIrak et sa capitale Bagdad en un champ de ruines après avoir affamé le pays par un terrible embargo sur les produits alimentaires faisant plus dun million de victimes. Derrière léquipe Bush qui mène cette guerre abjecte contre le peuple irakien se profilent les intérêts des grands groupes capitalistes qui produisent les engins de mort, visent à semparer des ressources pétrolières ou guignent les chantiers de reconstruction dun pays quils auront eux-mêmes détruit.
Chirac, en se désolidarisant des dirigeants américains sest forgé une réputation de sauveur de la paix pour la seule raison que les intérêts des groupes français TotalfinaElf, Alcatel, Bouygues ou Alstom menaçaient dêtre lésés si les Américains occupaient lIrak. Le "cinéma" de Villepin à lONU nest que vaine tentative pour faire respecter les intérêts de limpérialisme français au Moyen-Orient.
Chirac entend bien se servir de cette popularité pour mener une autre guerre, contre les travailleurs dici, menée par le patronat et son gouvernement, offensive tous azimuts de la bourgeoisie pour licencier, ravager le système de retraites, baisser le pouvoir dachat, accroître la précarité, réprimer les sans papiers ou les jeunes travailleurs.
Les millions de manifestants aux USA et dans le monde nont pu empêcher la guerre. Pour faire reculer les impérialistes, il faudrait quils sentent leur pouvoir menacé. Seule linsurrection des classes opprimées et en premier lieu celle de la classe ouvrière américaine pourrait y parvenir Nous nen sommes pas là. Mais ces manifestations démontrent au moins aux populations du Moyen-Orient que cette guerre ne se fait pas avec lapprobation des travailleurs du monde, que nous ne sommes pas dupes des buts véritables de la croisade de Bush, que nous sommes solidaires de ceux qui protestent aux USA même, contre cette sale guerre.