Saint-Ouen Luttes n° 26

du 13 décembre 2002

au sommaire :

Transports en commun : Bus sélectifs *

Chômeurs : La "prime de noël" de Raffarin aussi minable que celle de Jospin ! *

Saint-Ouen - Bains Douches : fermé ! *

Friche Rer C - ZAC Victor Hugo : Un plan béton *

Collège Joséphine Baker : C’est la pénurie *

Vers la privatisation des cantines scolaires ? *

Quartiers "sensibles" : Cadeaux… pour le patronat *

Saint-Ouen - 27 boulevard Victor Hugo : Expropriations à bas prix *

Crues de la Seine : Saint-Ouen-sous-Seine ? *

Editorial : Non à la guerre contre les pauvres Oui à la riposte d’ensemble *

 

Transports en commun

Bus sélectifs

Depuis le 4 décembre 2002, une nouvelle ligne de bus, la 540, relie les portes de Clichy et de Saint-Ouen à la zone d'activité Victor Hugo. C’est le Groupement des industriels de Saint-Ouen (GISO) qui a obtenu que cette nouvelle ligne soit mise en place par la RATP. La requête du regroupement des patrons de la ville faisait suite à une demande des entreprises qui s’étaient plaints d’agressions dont seraient victimes leurs salariés dans ce nouveau quartier quand ils rejoignaient le métro.

Quelques entreprises avaient mis en place leur propre système de navettes, mais elles ont finalement préféré faire appel au service public. C’est ainsi que 355 000 euros (plus de 2,3 millions de francs) ont été débloqués par les pouvoirs publics, la part des entreprises étant limité à 12 195 euros (80 000 francs), soit 5 % du budget global. " Cela revient moins cher aux employeurs que le système des navettes internes " se réjouit le GISO. Ainsi quand le patronat se mobilise, les pouvoirs publics trouvent les fonds pour améliorer les transports. Il reste encore à prolonger les lignes de bus s’arrêtant aux portes de notre ville (lignes 66, 81…) et à améliorer la fréquence du réseau de bus en général et du TUSO (Transport urbain de Saint-Ouen) en particulier. La création de la ligne 540 montre que c’est possible.

Laurent

Chômeurs

La "prime de noël" de Raffarin aussi minable que celle de Jospin !

Dans un entretien au quotidien catholique La Croix entièrement consacré aux problèmes de l'exclusion, le Premier ministre Jean Pierre Raffarin a annoncé la reconduction de la "prime de Noël" comme le gouvernement Jospin l'avait créée en 1998, c'est-à-dire une prime "charité chrétienne" de 152,45 euros par bénéficiaire. Pour contourner les critiques de sa politique sociale, le charitable Raffarin a réussi à trouver à l'Etat un coeur. "Dans la période de Noël en particulier, il n'est pas mauvais que l'Etat montre des élans du coeur", a affirmé le Premier ministre dans son entretien au journal.

Il est logique que monsieur Raffarin emprunte également à son prédécesseur la recette de la carotte de Noël, sans matière grasse, pour les chômeurs, précaires et l'ensemble des bas revenus de ce pays... Nous sommes loin du compte encore une fois cette année et ce serait une grossière erreur de la part de ce gouvernement que de se croire quitte vis à vis des 12 millions de précaires qui, avec ou sans emploi, se battent quotidiennement pour leur survie.

Parce que 152,45 euros, ce n'est même pas le tiers du montant de l'allocation d'urgence que réclament les chômeurs, parce que les fins de mois le 10 du mois, c'est toute l'année et pas seulement à Noël, parce que cette généreuse mesure ne concerne que les seuls allocataires du RMI, de l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) et de l'Allocation d'insertion (AI), soit 2 millions de personnes, à l'exclusion des autres minima sociaux, des autres allocataires de l'ASSEDIC dont les revenus pourraient baisser de 9 % en décembre, et de l'énorme masse de ceux qui ne perçoivent aucune allocation, notamment les 400 000 jeunes exclus du droit au RMI.

Au moment où, avec l'encouragement du gouvernement, les partenaires sociaux s'apprêtent à diminuer les indemnités ASSEDIC, l'annonce de la "prime de Noël" ressemble davantage à une mesure qui traduit le mépris inadmissible du gouvernement et son espoir de désamorcer le mécontentement parmi les chômeuses, chômeurs et précaires. Dans tout cela le gouvernement oublie l'essentiel : ce n'est pas d'une aumône annuelle mais d'un travail stable et bien payé dont on a besoin.

Relou

Saint-Ouen

Bains Douches : fermé !

Renseignez-vous auprès de la mairie de Saint-Ouen : il n’y a plus de douches municipales. D’abord, on nous avait promis leur réouverture avec celle de la nouvelle piscine. Ensuite, on nous a parlé d’un retard, mais vous en aviez avenue Victor Hugo. Maintenant, c’est fermé, et il n’y en a plus. Par contre, renseignez-vous auprès de la mairie de Paris (08 20 00 75 75) : il y en a tous les jours. Près de la porte de Clignancourt, 134 boulevard Ney, les lundi et vendredi-samedi-dimanche, et 6 rue Hermann-la-Chapelle, les mardi-mercredi-jeudi et samedi-dimanche. Bientôt, pour avoir du " social ", il va falloir aller à Neuilly. A Saint-Ouen, on fait dans la " mixité " sociale. Tout le monde doit avoir une belle salle de bain, et une bonne paie.

Loïc

Friche Rer C - ZAC Victor Hugo

Un plan béton

Que va devenir le dernier espace vert libre de la ville de Saint-Ouen et la Zone d’aménagement "concerté" Victor Hugo ? La municipalité a présenté le 28 novembre, à un groupe de pilotage composé de participants choisis par elle, les nouveaux plans concoctés par le Cabinet d’architecte de Roland Castro. Le principal changement se situe au niveau du discours et des modes de présentation. On parle de parc et non plus de square, ce qui laisse entendre une part plus grande consacrée à l’espace vert, et l'on accentue la couleur verte des plans pour masquer le gris des routes et des bâtiments prévus. C’est du tape à l’œil car, en même temps que les constructions continuent dans cette zone mais aussi de l’autre côté du boulevard Victor Hugo, les "nouveaux" projets de la municipalité sont bien de poursuivre le bétonnage. Actuellement la friche représente, d’après l’association Les Gensvironnes, 3,3 hectares environ, or le nouveau plan viserait à ce que le futur parc soit réduit à 1,2 hectare et que plus de 100 000 mètres carrés (10 hectares), de SHON, Surface Hors Oeuvre Nette, c’est-à-dire des surfaces de planchers aménageables, soient construits. Cela signifierait que l’espace vert serait réduit à 36 % de sa surface actuelle pour être englouti entre des bâtiments dont certains atteindraient jusqu’à 9 étages.

Alors que la pétition pour la préservation de l’espace vert compte 2000 signataires, la municipalité reste toujours dans sa logique de bétonnage du quartier.

Jean Catigny

Collège Joséphine Baker

C’est la pénurie

La suppression de milliers de postes de surveillants et d’aides éducateurs lors de la rentrée scolaire prochaine, accompagnée de sanctions pour les familles dont les enfants seraient trop souvent absents ou en cas d’insultes envers les professeurs, voilà comment le gouvernement compte assurer une meilleure éducation pour les jeunes.

Au collège Joséphine Baker, le personnel technique (ATOS) fonctionne en sous-effectif : toutes les salles ne peuvent être nettoyées chaque jour. Pour les petites réparations, par exemple les serrures, les rideaux, il faut souvent attendre. Mais encore plus pour les réparations plus importantes : les toilettes, les portes coupe-feu et les issues de secours. Une d’entre elles a dû être condamnée pendant plusieurs mois car elle menaçait de tomber sur les élèves). Le véhicule du collège a roulé plusieurs mois avec le voyant des freins allumés car une réparation coûte trop cher ! Avec le passage aux 35 heures, mais sans embauches, les ATOS ne peuvent évidemment pas s’en sortir.

Ils ont dû se mettre en grève à la fin de l’année scolaire dernière pour obtenir… un entretien à ce sujet avec la principale. La mairie met à disposition le terrain de sport mais demande au collège d’en assurer l’entretien, ce qui n’est pas possible La situation ne peut que se dégrader. Faut-il attendre un accident pour découvrir les problèmes ?

Paul

Vers la privatisation des cantines scolaires ?

Les cantines scolaires aussi subissent les restrictions budgétaires : le fond social des collèges, qui doit servir à aider les familles à payer la cantine, a été diminué de plus de 50%. Pour un nombre non négligeable d’élèves, cela se traduira tout simplement par le fait de ne pas manger à midi, comme cela arrive déjà à certains. Comment travailler le ventre vide ? Comment assurer l’égalité devant l’instruction quand les besoins minima des enfants ne sont pas satisfaits ?

L’équilibre financier des cantines risque lui aussi d’en souffrir si le nombre de demi-pensionnaires diminue. Ce qui pourrait bien entraîner dans certains établissements, comme cela existe déjà, le recours à un service de restauration central qui couvrirait plusieurs établissements, scolaires ou non. Par une curieuse coïncidence, le projet de régionalisation des ATOS prévoit la possibilité de détacher ces personnels vers les collectivités territoriales. Il ne serait plus alors très compliqué de sous-traiter le service de restauration auprès d’entreprises privées, et de réaliser une deuxième économie ! Au détriment des personnels cette fois.

Les intérêts des familles et des personnels sont bien les mêmes : assurer la gratuité de l’école, y compris la cantine, dans le cadre public. Mais pour cela il faudra forcer le gouvernement à changer ses priorités.

Paul

Quartiers "sensibles"

Cadeaux… pour le patronat

Depuis la rentrée, il ne se passe pas de semaine sans que la droite et le gouvernement Raffarin, vrais pères Noël pour les patrons et les privilégiés, n’annoncent un nouveau petit cadeau en leur faveur. Cette semaine, entre autres, le gouvernement relance pour cinq années supplémentaires les Zones franches urbaines (ZFU) . Il s’agit de ces zones d’activités créées par Juppé en 1997, situées dans des quartiers dits "sensibles", et à l’intérieur desquels les entreprises bénéficient, pendant cinq ans, d’ une exonération totale de charges sociales, d’impôt sur les bénéfices, de taxe professionnelle et de taxe sur le foncier bâti. La seule obligation à la charge de l’entreprise est que celle-ci embauche 20 % de son effectif dans le quartier (ou, à défaut, qu’un nouvel embauché sur 3 en soit un habitant). L’annonce a été faite par J.-L. Borloo, ministre de la Ville. Outre la prolongation des 44 zones existantes, 40 nouvelles ZFU vont être lancées. J.-L. Borloo a précisé que le choix des quartiers pouvant prétendre à ce dispositif se fera selon des critères tenant compte notamment du taux de chômage, du taux d’échec scolaire, et du degré d’implication des partenaires locaux (villes, HLM...) dans des programmes de rénovation urbaine. En réalité il y a fort à parier que ces zones ne seront, en gros, utiles qu’aux petits et grands patrons qui s’y installeront et prendront les avantages. Quant à l’embauche…

Victor

Saint-Ouen - 27 boulevard Victor Hugo

Expropriations à bas prix

La municipalité et l'Etat ont conclu un plan d'action contre "l'habitat indigne" sur cinq ans. 22 immeubles (298 logements) seraient réhabilités et 25 autres (395 logements) seraient démolis. Les propriétaires du 27 boulevard Victor Hugo, qui avait été visité par l’ancienne secrétaire d’Etat au logement lors de la signature de cet accord, font donc l’objet d’expropriation. Le problème est que les petits propriétaires qui habitaient sur place sont indemnisés dans des conditions scandaleuses. Pour deux d’entre eux la proposition municipale est de les indemniser de 17 920 euros (117 547 francs) et de les reloger en habitat social. Or, l’un a acheté son logement en 1992, 220 000 francs (33 540 euros) et l’autre, en 1972, 45 000 francs, ce qui équivaudrait à 227 250 francs aujourd’hui. Si l’état d’ensemble de l’immeuble s’est dégradé, ces propriétaires ont entretenu et amélioré leur logement (pose de double vitrage, carrelages, isolation, plomberie, sanitaires…) et veulent que leur indemnisation prenne en compte l’état de leur appartement.

Mais la législation en la matière est celle de la loi Vivien de 1970 qui s’appliquait aux bidonvilles où l’expropriation se fait au prix du terrain moins le coût de la démolition. Cela représenterait une indemnisation de 1 500 euros suivant le service foncier de la ville. Les propositions municipales d’indemnisation se basent sur une estimation du service des Domaines et sont au-dessus du minimum légal. Toutefois, elles ne permettent pas aux petits propriétaires de retrouver les économies qu’ils avaient placées dans leur logement et encore moins de pouvoir racheter un logement sur Saint-Ouen. En plus, l’Etat, qui avait promis une aide de plusieurs dizaines de millions de francs pour traiter ces immeubles insalubres, n’a toujours rien versé. Annoncé pourtant à grand renfort de publicité, le plan de résorption de l’habitat insalubre n’a donc pas prévu de traiter de manière équitable les petits propriétaires, de plus il pourrait être remis en cause dans sa réalisation sur l’ensemble des immeubles projetés si l’Etat persiste à geler les crédits.

Laurent

Crues de la Seine

Saint-Ouen-sous-Seine ?

Après les débordements de rivières et de fleuves un peu partout en France… on parle de plus en plus d’une nouvelle crue de la Seine. Les médias évoquent surtout les dommages que cela causerait au centre de Paris. Mais les autres villes qui longent la Seine peuvent aussi être touchées. Si celle-ci débordait de la même manière qu’en 1910, c’est un cinquième de la surface de la Saint-Ouen qui se retrouverait les pieds dans l’eau. D’après la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, 85 entreprises situées sur la zone industrielle des Docks seraient touchées et l’on peut facilement imaginer que des habitations proches de cette zone soient elles aussi inondées. En 1910, l’usine de traitement des déchets de Saint-Ouen déjà implantée aux Docks avait dû fermer comme celles d’Issy et de Vitry. L’usine de Romainville encore en service ne parvint pas à gérer le surplus de déchets et une solution radicale de déversement des 1350 tonnes par jour d’ordures dans la Seine depuis le Pont de Tolbiac et l’ex-viaduc d’Auteuil fut adopté en dépit des protestations des communes situées en aval. C’était il y a près d’un siècle mais l’on peut tout de même se demander dans quelles mesures les industriels et les pouvoirs publics ont prévu d’éviter tout risque grave pour la population en cas de crues, certes exceptionnelles, mais prévisibles.

Laurent

Editorial

Non à la guerre contre les pauvres
Oui à la riposte d’ensemble

Après la fermeture du centre de Sangatte, le gouvernement a envoyé 450 gendarmes à Choisy évacuer trois camps de Roms originaires de Roumanie. Mais les procédures d’expulsion étaient si bâclées que les avocats en ont fait annuler la plupart. Sarkozy poursuit sa guerre contre les immigrés. Pourchasser les victimes de la barbarie capitaliste, encourager l’idée que ce sont les plus exploités qui sont les responsables de la situation faite aux travailleurs, c’est le discours de l’extrême-droite mis en application par le gouvernement Chirac. Ces travailleurs sont poussés vers les pays riches par la misère et les persécutions policières et militaires… Que trouvent-ils d’autre ici comme soutien ? De nouvelles matraques policières. "La France terre d’accueil" devient la "France comité d’accueil musclé". Cela n’a rien d’étonnant. L’activité de ce gouvernement dans la ligne suivie par le précédent ne laisse pas passer un jour sans jeter à la rue de nouveaux travailleurs et appauvrir les autres.

La privatisation accélérée de France Telecom va se traduire par la disparition de milliers d’empois. D’un trait de plume, le ministère de l’Education nationale a supprimé 5600 postes de surveillants et 20000 postes d’aides-éducateurs. Après, Sarkozy va claironner sur l’insécurité qui se répand dans les écoles et y envoyer des flics et des militaires ! Le gouvernement Raffarin privatise, s’en prend aux emplois, bloque les salaires, mais entend aussi s’en prendre aux retraites des travailleurs pour que les capitalistes puissent spéculer comme aux USA avec les fonds de pension, avec le risque que tout s’écroule et qu’on n’ait plus rien à la finale. En 1993, Balladur avait fait passer de 37,5 à 40 le nombre d’années de cotisations. Juppé avait voulu en 1995 aligner le public sur ces 40 ans, mais avait reculé devant la mobilisation des travailleurs. A nouveau sous prétexte d’égalité avec le privé, on veut mettre en cause le régime des retraites. Egalité, oui, mais par un retour aux 37,5 annuités, et sans perte d’argent pour les salariés. Face à ces attaques en rafale, une riposte d’ensemble s’impose. Du côté des partis de gauche, c’est le silence radio. Les confédérations syndicales, elles, organisent l’émiettement en organisant des journées d’ensemble catégories par catégories.

C’est que les dirigeants syndicaux sont prêts à jouer le jeu du dialogue avec le gouvernement. Dans le conflit des routiers, FO a signé un accord qui est une véritable trahison de leur grève, ce qui n’empêche pas Blondel de se présenter à la télé comme le grand défenseur des retraites ouvrières. Mais qui sait ce qu’il signera demain ? La CGT, elle, avait refusé d’appeler ses cheminots à la grève le 26, et la CFDT se prononce carrément pour la remise en cause des retraites. Côté appareils syndicaux, le gouvernement ne doit pas avoir trop d’inquiétudes. Mais une mobilisation d’ensemble peut bouleverser les plans du MEDEF et du gouvernement. A l’avenir, Raffarin et ses copains capitalistes devront compter sur la base syndicale et les travailleurs qui bousculeront ce petit jeu qui ne profite qu’aux riches.

 

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