Hôtels Accor : Formule 1, etap, IBIS
A Saint-0uen, le groupe ACCOR est propriétaire des hôtels Formule 1 et Etap ainsi que du restaurant Courtepaille, situés au bord du périphérique entre la Porte de Saint-Ouen et la Porte de Montmartre. Depuis le 7 mars, un groupe d'une trentaine d'Africaines, qui travaillent dans divers hôtels du groupe ACCOR (Ibis, Novotel, Sofitel, Mercure, Frantour, Formule 1, etc.) de la région parisienne, pour le compte du sous-traitant Arcade sont en grève. Ces salariées assurent le nettoyage des chambres. Ne sachant souvent pas lire ou écrire, parfois sans papiers, et donc vulnérables elles ont, pourtant, relevé la tête et protestent contre les conditions de travail très pénibles qui leur sont imposées, notamment contre les cadences de travail qui se traduisent par un grand nombre d'heures supplémentaires non payées, et souvent par de sérieux problèmes de santé. Elles réclament en outre l'annulation des licenciements et des sanctions pour fait de grève qui touchent plusieurs d'entre elles.
Officiellement ces travailleuses sont payées 7,16 euros brut de l'heure, soit à peine plus que le Smic. Dans les faits, en leur imposant un système de quotas, on les soumet au travail aux pièces. Arcade leur attribue un nombre déterminé de chambres à nettoyer, sur la base de 17 minutes de travail par chambre, mais si elles dépassent ce temps, car les contrôles sont incessants, le temps de travail supplémentaire n'est pas payé. Quand il n'y a pas de travail, elles sont déclarées en heures d'absence non payées. Les contrats sont des temps partiels imposés, mais dans la pratique elles travaillent plus de 35 heures.
Arcade pensait avoir embauché un personnel corvéable à merci, pas toujours en règle question papiers, connaissant mal ses droits, parlant peu le français. Arcade ne se privait pas de les pressurer, avant de s'en débarrasser dès que la fatigue accumulée et les maladies de la colonne vertébrale les avaient usées. Cela évidemment au profit du groupe ACCOR, qui réduit ses coûts en imposant des conditions drastiques.
Une partie d'entre elles se sont mises en grève et ont mené un certain nombre d'actions contre les directions d'Arcade et d'ACCOR pour obtenir : 1 - une prime de fin d'année de 305 euros pour tous ; 2 - l'arrêt des menaces et des pressions sur le personnel et le respect des horaires prévus dans les contrats ; 3 - des contrats à temps complet pour tous les salariés (151 heures) ; 4 - l'annulation des sanctions contre le personnel et notamment des 8 licenciements ; 5 - une réduction des cadences de travail à 2,5 chambres à lheure pour les 3 étoiles et 3 chambres pour les 2 étoiles.
Si les femmes de ménage d'Arcade ont eu le courage de résister depuis longtemps à un patron de combat, elles doivent bénéficier de notre soutien à tous.
Relou
Les raisons de dénoncer le groupe ACCOR sont multiples :
une aile de l'hôtel Ibis de Roissy-Charles-de-Gaulle a été louée de nombreuses années par l'Etat français comme centre de rétention pour incarcérer des sans-papiers, dans des conditions qui ont été dénoncées par un rapport de députés; il a participé au chantier de construction de la ZAPI (nouveau centre de rétention de Roissy);
une de ses filiales, Carson-Wagons-lits, s'occupe de la réservation des billets de train pour les sans-papiers en voie d'expulsion et pour leur escorte policière;
les profits n' ayant pas d'odeur, il organise dans ses hôtels les congrès du FN et du MNR.
Mais ces pratiques scandaleuses ne doivent pas nous cacher la réalité quotidienne des rapports de travail : en effet, derrière la façade d'entreprise "propre" qu'il essaie de promouvoir, le groupe ACCOR impose tous les jours, par l'intermédiaire de la sous-traitance, des conditions de travail pénibles à des travailleurs immigrés dont il exploite le besoin de travailler à tout prix. Façon de transporter le tiers-monde ici, quand on ne peut pas y délocaliser son activité.
La loi empêche toute expulsion de logements entre le 1er novembre et le 15 mars. Traditionnellement, le Conseil de Paris avance (par vote) le début de la trêve au 15 octobre pour la capitale. Théoriquement, la trêve hivernale ne s'applique pas pour les squatters, mais elle est généralement respectée sauf lorsque le squat trouble manifestement l'ordre public. Préfecture et police sagitent donc pour expulser les mal-logés avant cette trêve hivernale.
Cest ainsi que le 30 octobre, à 17 heures, soit quelques dizaines dheures avant lentrée dans cette fameuse trêve, huissiers, policiers et commissaire ont procédé à lexpulsion de la dizaine dhabitants du 6 rue Garibaldi. La maison vide depuis des années est située à côté du Monoprix et appartient à cette société qui prétend vouloir y faire des travaux. Pour linstant, les seuls travaux réalisés ont consisté à murer lentrée et les fenêtres. Les mal-logés occupaient ce lieu depuis un an et avaient tenté de négocier un bail avec le directeur du supermarché qui ne donna pas de suite et lança une procédure aboutissant à un jugement dexpulsion.
Les galères de logement racontées par un des habitants montrent le mépris avec lequel sont traités les travailleurs immigrés, exploités par les patrons, ignorés des services sociaux, pourchassés par la police. Après avoir connu les foyers, lhôtel, il comptait faire venir prochainement son épouse restée au pays. Il travaille depuis quatre ans dans une administration publique, mais en fait il est salarié dune boîte de nettoyage sous-traitante. Il a demandé à pouvoir bénéficier du quota de logement relevant du 1 % patronal et a aussi fait des demandes de logement auprès des services municipaux ; toutes ces démarches sont restées lettres mortes. Et aujourdhui, alors quil cherchait un logement pour faire venir sa famille, il se retrouve à la rue.
Les expulsés se sont rendus aux services sociaux de la mairie qui les ont dirigés vers le centre dhébergement situé rue Ampère, en leur conseillant de se dépêcher car celui-ci fermait à 18 heures. En fait, il sagissait de se débarrasser deux, le panneau sur la porte, désespérément fermée du centre, indiquait que les permanences ne pouvaient se faire laprès-midi que sur rendez-vous. Le téléphone ne répondait pas, à 17 h 50 il était visiblement trop tard pour avoir un rendez-vous. De retour devant la mairie, ils sont tombés face aux grilles fermées et nont pu avoir au téléphone que le standardiste, qui, après avoir consulté lélu de service, a annoncé que la mairie ne pouvait rien faire pour eux car " ils nétaient pas des sinistrés mais des expulsés ". Les valises à la main, ils sont repartis, désabusés par lattitude dune mairie qui se dit " de gauche ".
Laurent
Le ministre du Logement, Gilles de Robien, a annoncé le 18 octobre devant un auditoire ravi de lUNPI, Union nationale de la propriété immobilière, le syndicat des propriétaires, que la loi de 1948 instaurant un blocage des loyers de certains logements dun faible montant et permettant le maintien à vie du locataire dans les lieux, allait être abrogée. Cette loi que les propriétaires rêvaient depuis longtemps de voir disparaître, avait déjà été modifiée en 1986 par Pierre Méhaignerie, un précédent ministre du Logement de Chirac, au temps de la première cohabitation, qui avait fait adopter un dispositif de sortie de la loi en huit ans pour les loyers les plus "confortables". Aujourdhui, et bien que le ministre ait pris soin dindiquer que deux "garde-fous" seraient maintenus, la prise en compte du fait quil sagit dun locataire âgé, et la prise en compte des revenus " très modestes ", il sagit bien entendu dun cadeau aux classes aisées.
Et ce précisément dans une période où les loyers flambent, plus de 20 % daugmentation en moyenne à la relocation à Paris sur les trois dernières années, où les propriétaires se livrent à un tri de plus en plus insurmontable en demandant aux candidats locataires des garanties de situation et de revenu toujours plus élevées et où il devient de plus en plus difficile de se loger.
Victor
Près de 800 personnes travaillent chez BOSCH à Saint-Ouen, un peu moins de 600 au 32 avenue Michelet, et environ 200 rue Ardouin. Entre 25 et 30 % de ces travailleurs sont des travailleuses. Le site de lavenue Michelet était autrefois, avant 1982, une usine de production de 1200 personnes. En 1978, la direction annonçait la délocalisation de la production en province, essentiellement à Rodez (Aveyron) et, malgré un fort mouvement de lutte, le site était réduit en 1982 à 400 personnes. Cest aujourdhui un siège social avec des services commerciaux, après-vente, de contrôle, etc., et une forte minorité de gens en déplacement. BOSCH est une entreprise dorigine allemande, à 70 % équipementière automobile, mais qui produit aussi des chaudières (ELM-Leblanc) et des outillages (perceuses, jardinage...).
La mise en place des 35 heures sest faite sans trop de problèmes, au moins à Saint-Ouen, avec un horaire hebdomadaire de 37 heures et demie et douze jours de congés supplémentaires par an. Un problème subsiste cependant, concernant surtout les femmes. Un nombre croissant de celles-ci choisissent - ou sont contraintes - de ne travailler que quatre jours par semaine. La seule solution actuellement est le temps partiel, mais un temps partiel à 80 % signifie un salaire à 80 %. Le passage aux 35 heures permet denvisager un temps et un salaire complets en quatre jours. Ce qui intéresserait aussi ceux des hommes qui ont les transports les plus longs et les plus coûteux.
Pour lheure, la direction na autorisé que quelques "expériences" dans certains secteurs. Comment concilier la nécessité dun salaire correct et celle dun temps de travail vivable, surtout quand on a des enfants et quon habite loin : cest un problème typiquement de travailleurs et de travailleuses, pas de direction patronale !
Loîc
Le 23 octobre, les trois syndicats de lusine Alstom TSO (transformateurs Saint-Ouen) ont adressé une lettre à leur direction générale et à la direction de létablissement, demandant "réparation du préjudice subi par 18 salariés", délégués ou anciens délégués. Ils laissent à la direction quinze jours de délai avant dengager une procédure en Prudhommes.
Cette remise en cause de ce quon appelle la discrimination anti-syndicale nest pas une surprise pour les travailleurs, car beaucoup dentre eux ont aidé à constituer les dossiers, en fournissant toutes leurs feuilles de paie sur plus de vingt ans parfois, et en rédigeant des témoignages en faveur de leurs délégués ou anciens délégués. Les syndicats chiffrent à 300 euros (2000 F.) le retard des salaires en vingt ans. Le retard pour les délégués ne fait que sajouter à ce retard général. Les sommes réclamées sont impressionnantes, car les retards accumulés en 20 ou 30 ans, les conséquences sur la durée estimée de la retraite, et les dommages et intérêts, aboutissent à léquivalent de plusieurs années de salaire.
Dans lautomobile, à Peugeot-Sochaux précisément, ce type de revendication a abouti pour la première fois à un succès : des augmentations de salaires et des remboursements importants. A Citroën Saint-Ouen, des résultats ont déjà été obtenu. Au tour de lAlstom.
Loïc
Comme nous lindiquions dans le n°21 davril 2002, lInspection du travail avait refusé le licenciement dune déléguée syndicale CGT du garage Ford-Bocquet. Il aura fallu un appel devant le ministère du "travail et de lemploi" pour que le patron ait gain de cause, et procède au licenciement !
Paul
Au début de lannée, la faillite de la firme Enron a privé tous ses salariés de retraite : le fond qui leur était destiné était placé à 60 % en actions de lentreprise, qui ne valent plus rien. Une belle démonstration de lefficacité des fonds de pension !
En France, anticipant les attaques annoncées sur le système des retraites par répartition, des salariés ont cotisé à des retraites complémentaires mais lexemple du CREF est plutôt inquiétant. Pour cause de difficultés financières, ce fond mutualiste de complément de retraite pour les personnels de léducation nationale a en effet décidé de diminuer de plus de 15 % le montant des retraites que recevront ceux qui ont cotisé. Ceux qui ont décidé de quitter le CREF nont reçu que le remboursement des 2/3 de leurs cotisations.
Mauvaise gestion ou chute de la bourse ? En tout cas, il apparaît que les organismes privés ne peuvent rien garantir sur de longues périodes de cotisation. Et comme on doit travailler quarante ans pour obtenir la retraite, le risque est énorme pour tous si "les fonds de pension" ou "lépargne salariale" se développent.
Paul
Sauf pour les professeurs non-titulaires qui nont pas été repris cette année, soit environ 400 personnes dans notre académie ! La grève des enseignants de Seine-Saint-Denis, en 1998, avait permis dobtenir des moyens pour lécole, et notamment de réduire la taille des classes. Le plan de rattrapage mis en place se déroulait sur quatre ans, et est donc terminé depuis la rentrée. Et puisquil ne faut plus rattraper, les moyens sont diminués ! La conséquence dans les établissements, ce sont dabord les suppressions demplois pour les professeurs non titulaires, qui ne sont pas fonctionnaires, et des classes dépassant souvent 30 élèves en lycée (parfois 35 en terminale) et 25 en collège dans le département.
Paul
Sous prétexte de sinterposer entre les mutins qui réclament le départ du président Laurent Gbagbo, le retour à la démocratie, la fin de la xénophobie, la France soutient ouvertement le régime ivoirien chancelant de Gbagbo. Aux dizaines de milliers de réfugiés fuyant les zones de combat sajoutent des dizaines de milliers dautres, victimes de la soldatesque du pouvoir, expulsés de leur bidonville dAbidjan. Ce ne sont pas seulement les travailleurs immigrés burkinabés ou dAfrique de lOuest qui en sont les victimes, mais les pauvres tout court. Gbagbo a instillé le poison des divisions ethniques et religieuses afin de détourner la colère des véritables responsables de la crise actuelle et pour éliminer ses rivaux politiques.
Depuis des années la Côte dIvoire subit le marasme économique, en particulier celui du cacao. Pour faire face à la pauvreté, la France ny a pas envoyé dinstituteurs, de médecins, dinfirmières ou daide économique. Si les Français y sont présents, cest pour venir faire des affaires plus que profitables et profiter dune main duvre à bas prix. Et ce ne sont pas que des firmes comme Bouygues, Sitarail appartenant à Bollozé, mais 1200 PME-PMI qui mettent le pays en coupe réglée.
Larmée ivoirienne, plus habituée à racketter et à réprimer la population quà faire une vraie guerre, na pas été capable de sopposer aux mutins qui ont instauré une sécession de fait dans le Nord. Larmée française a été dépêchée durgence, sous des prétextes humanitaires, pour empêcher les rebelles de semparer dAbidjan.
Demander à cette armée dassurer la protection des populations, cest demander au loup de garder la bergerie. Sans compter que si le conflit séternise, laggravation de la misère et de la famine feront encore plus victimes que les balles des militaires.
Léo
Saura-t-on jamais le nombre de morts parmi les otages du théâtre de Moscou ? Combien ont été victimes darmes chimiques de destruction massive dont les autorités russes ont refusé de donner immédiatement la composition, sous prétexte de secret défense. Entre un quart et un cinquième des otages ont été sacrifiés et lensemble des hommes et femmes du commando tchétchène exécuté pour que Poutine renforce son image dhomme fort. Cette prise dotages, au nom dun peuple opprimé va se retourner contre leurs auteurs et servir de prétexte au durcissement, si cest encore possible, de la sale guerre que mène la Russie en Tchétchènie. La capitale Grozny a été transformée en champ de ruines, des centaines de milliers dhabitants ont dû sexiler et les survivants doivent endurer la faim, les bombardements, les rafles et les tortures. Tout cela avec la complicité silencieuse des Etats occidentaux.
Depuis la chute du stalinisme en URSS, les grandes puissances impérialistes ont changé laxe de leur propagande. Dans la seconde moitié du XX° siècle, on nous abreuvait "daffrontement Est-Ouest", de "lutte de la démocratie contre le communisme". Depuis 1990 et encore plus après le 11 septembre 2001, "laxe du mal" est devenu un axe Nord-Sud. Le terrorisme, le danger, viendrait du sud, de lIslam, des pays sous-développés. Cest un mensonge, une idéologie, tout comme le soi-disant affrontement historique de lEst et de lOuest masquait le conflit de classe entre les travailleurs et la bourgeoisie. Idéologie, mensonge aussi de la part de ceux qui prétendent que le mal vient de lOccident et pas du capitalisme.
Une minorité némancipera jamais les travailleurs à leur place. Ceux qui le prétendent ne font que préparer de nouvelles oppressions. Les grandes puissances pratiquent le terrorisme à grande échelle pour sauvegarder leurs intérêts et ceux des possédants. Elles sont responsables dHiroshima, de Buchenwald et des guerres coloniales. Les attentats terroristes du 11 septembre nont été que le prétexte à bombarder lAfghanistan, ceux du Hamas mènent au terrorisme de lEtat dIsraël, et ceux de Bali servent à mobiliser pour une nouvelle guerre contre lIrak.
Il faudra en finir avec ce terrorisme dEtat des grandes puissances qui veulent maintenir un ordre mondial fondé sur les privilèges, le pouvoir des exploiteurs sur les opprimés, des riches sur les pauvres, des grandes nations impérialistes sur les peuples. Pour en finir avec les Bastilles du capitalisme, les travailleurs devront employer la force, mais pas celle de petits groupes terroristes, celle de limmense masse des exploités qui se donneront comme tâche prioritaire léradication de ces états terroristes de la surface de la planète.