Wagons surpeuplés, temps d'attente trop longs, arrêts entre les stations... les conditions de transport sont de plus en difficiles pour les usagers de la ligne 13. Ces difficultés déjà anciennes ont été accrues avec le prolongement de la ligne à Saint-Denis Université. Avec, le prolongement d'Asnières Gennevilliers vers le port de Gennevilliers le nombre de rames va encore diminuer, alors que l'on prévoit de nouveaux emplois sur Pleyel qui vont accroître l'affluence sur notre tronçon.
Les solutions envisagées par la RATP, à travers la mise en place d'un nouveau système de régulation qui permettrait de réduire l'intervalle entre chaque rame ne satisfont pas les usagers. Cela permettrait au mieux, à supposer que le système fonctionne, de maintenir la situation actuelle alors qu'elle est quotidiennement invivable. Les usagers demandent notamment le remplacement du matériel roulant actuellement par un matériel plus fiable et, le débranchement de la ligne 13 à la Fourche avec une branche autonome La Fourche Gennevilliers et une branche Châtillon Saint-Denis.
Laurent
Les anciennes douches municipales, rue Diderot derrière la Mairie, ont été détruites, et il faut aller maintenant au 165 boulevard Victor Hugo, en face de Leclerc. Elles sont donc bien loin désormais pour beaucoup d'habitants de St Ouen. En plus, elles sont payantes : 6,5 francs. Alors que celles de Paris, par exemple à la porte de Clignancourt, sont gratuites depuis l'année dernière. Où aller ? Vers Clichy ou vers Paris, où c'est gratuit ? mais dans les deux cas, il faut marcher.
Paul
Le petit LU et la Danette ont un goût amer par les temps qui courent, surtout si on fait ces courses chez Marks and Spencer...
Danone ? Résultats pour l'année 2000 : un chiffre d'affaires de plus 10,2 %, des bénéfices en augmentation de 13,2 % pour les actionnaires, les biscuits plus 7,5 %. Les salariés ont eux eu 0,5 % d'augmentation et le licenciement en prime.
Les objectifs de Danone ? Faire passer la production de 43 à 57 % et réduire les coûts de 16 %. Pour ce faire, Danone ferme 6 usines dans 5 pays. Pour restructurer le pôle "biscuit", la marque LU, Belin, Heudebert licencie 1700 salariés en France, 3000 sur les 15000 qui travaillent en Europe, et 28 000 dans le monde.
Le but du PDG Riboud ? Faire remonter les bénéfices des actionnaires de cette activité (8 %) quand les deux autres piliers de la maison (produits laitiers et eaux minérales) sont à 11 et 12 %. A noter que le livret A pour les travailleurs est à 3 %.
Pour les patrons, la solution réside en une bonne vague de suppressions d'emplois pour les travailleurs c'est la mise à la porte des licencieurs qui s'imposent.
Relou
Le 8 mars, les ouvriers de l'usine Bosch Systèmes de freinage de Beauvais sont venus manifester à Drancy, à l'occasion d'un CCE extraordinaire, contre un projet de licenciements. Entre 300 et 400 emplois sont menacés sur 800. " On en a ras-le-bol ! On est dégoûtés par ce qui se passe dans l'usine. En 34 ans de boite, je n'ai jamais vu une pression pareille ", affirme Geneviève, 59 ans. Voilà ce qu'on pouvait lire dans le journal du lendemain. Mais ce que les journaux n'ont pas relaté, c'est qu'après avoir interrompu la réunion de CCE à Drancy, les travailleurs de Beauvais sont venus à Saint-Ouen. Avenue Michelet, en effet, se trouve l'ancienne usine Bosch devenue le siège de Bosch France. La production a été délocalisée il y a plusieurs années à Rodez et à Vénissieux. Celle de l'usine de Beauvais devrait être, selon les syndicats, délocalisée en Pologne, en Turquie et au Portugal. Mais les patrons peuvent délocaliser à l'autre bout du monde, ils auront nécessairement affaire à des ouvriers qui se battront. Celui de l'avenue Michelet l'a bien senti. Quand les travailleurs ont défilé dans les bureaux et qu'ils sont montés à la cantine, il a rebroussé chemin, apparemment pour ne pas avoir l'air avoir l'air d'un manifestant !
Loïc
Des intérimaires relèvent le gant. Huit intérimaires de l'usine Citroën d'Aulnay poursuivent la direction en justice pour abus en matière de contrats temporaires. Contrats qui après deux à cinq ans de travail ininterrompu n'ont rien de temporaire. Ces travailleurs exigent donc une requalification de leur contrat d'intérim en contrat à durée indéterminée. Il ne s'agit pas d'une erreur de la direction mais d'une politique délibérée d'utilisation d'une main d'oeuvre précaire pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Ces pratiques sont inadmissibles, surtout lorsqu'on sait que le groupe a fait un bénéfice net de 8,6 milliards de francs, en hausse de 80 % par rapport à 1999.
Léo
Pour la rentrée prochaine, l'IEP (Sciences Po) prévoit de recruter directement certains étudiants sur dossiers à condition d'être élèves d'un des 7 lycées ZEP (difficiles). Le lycée Blanqui de Saint-Ouen fait partie de l'opération. A Sciences Po, 0,5 % des élèves sont d'origine ouvrière et ce chiffre diminue d'année en année. Mais créer un statut de "pauvre méritant" ne changera pas grand-chose. Oui, on s'achemine vers un enseignement à deux vitesses avec de filières ultra-sélectives qui reçoivent un budget en or alors que la majorité des bacheliers doit se contenter d'une formation supérieure au rabais. Mais Sciences Po n'a pas attendu Jospin pour faire de l'élitisme. Heureusement, tous les élèves n'ont pas forcément envie de devenir des super cadres de l'appareil d'Etat chargés de serrer la vis aux travailleurs.
Paul
La France est-elle parvenue à limiter l'épidémie de fièvre aphteuse ? Au dire des experts qui n'ont pas constaté de nouveaux cas, on peut penser provisoirement que oui. Par contre l'épidémie ravage la Grande-Bretagne où l'on brûle des dizaines de milliers d'animaux sur des bûchers et où les petits éleveurs se retrouvent totalement ruinés. Dans les pays qui sont les plus gros exportateurs de viande de boeuf ; les USA - ou de moutons ; la Nouvelle-Zélande ; on ne vaccine pas car la maladie y a été éradiquée depuis longtemps après des campagnes de vaccination systématique. Pour faire partie des pays "propres", qui ne vaccinent plus, et dont la viande était "saine", l'Union Européenne a décidé plutôt hâtivement ; c'est le moins qu'on puisse dire ; de renoncer à la vaccination en 1991. En effet, les pays qui vaccinaient se voyaient exclus du grand commerce international.
Ce ne sont pas les petits éleveurs qui font ce commerce mais les gros des filières d'élevage. Pour faire des milliards de profits, y compris sur la ruine des petits éleveurs, ils sont prêts à faire prendre tous les risques au bétail et à la population travailleuse.
Léo
Les luttes des ouvriers de Saint-Ouen ne datent pas d'hier. Elles sont apparues avec l'industrialisation de la commune qui a commencé notamment avec l'implantation peu avant 1848, par l'industriel Farcot, d'ateliers auparavant situés à Paris. Située au bout de l'avenue de la Gare, actuellement avenue du Capitaine Glarner, et longeant le côté nord de la rue Farcot, l'usine sera rachetée en 1915 par la Société d'outillage mécanique et d'usinage d'artillerie (Somua) puis par Citroën en 1923, usine qui, après de nombreux licenciements, fonctionne toujours au même endroit. L'usine Farcot était spécialisée dans la fabrication des pompes et des machines à vapeur et comptera jusqu'à 700 ouvriers, dans les années 1850, ce qui est énorme pour l'époque.
En 1848, Saint-Ouen ne comptait qu'environ 1500 habitants ; le recensement de 1846 fait état de 1316 habitants et celui de 1851 de 1507 habitants. Mais, dans le quart de siècle qui va suivre Saint-Ouen va voir sa population multipliée par sept pour monter à 11 255 habitants en 1876 puis par 3 dans les 20 années qui vont suivre pour atteindre 30 715 habitants en 1896 (aujourd'hui, la ville compte un peu moins de 40 000 habitants). Les événements principaux de la révolution de 1848, se sont essentiellement déroulés à Paris. Mais, des ouvriers de Saint-Ouen ont participé à cette histoire ; ils travaillaient pratiquement tous chez Farcot.
Excepté Bouttonot né à Saint-Ouen, les "quarante-huitards" de chez Farcot venaient d'un peu partout, Boissière était né à Rouen, Cardinal venait de Plouguenast en Bretagne, et Augsburger de Suisse. Ils étaient ouvrier serrurier, charpentier, mécanicien, modeleur... Ils étaient impliqués dans différents courants politiques socialistes et une partie d'entre eux firent partie de la "Société fraternelle et industrielle des Ouvriers Mécaniciens" et à des organisations, comme "la Cité fraternelle", située au Port de Saint-Ouen, qui permettait aux ouvriers de se retrouver pour prendre leurs repas en commun à meilleur marché, ou pour faire des achats collectifs de vivres. Ces organisations représentaient les embryons des syndicats et des coopératives ouvrières de production qui ont marqué 1848. Ces associations furent interdites ou mises sous tutelle par l'Etat et les notables après la chute de la IIème République. Elles étaient des moyens d'organiser l'entr'aide entre les ouvriers, mais étaient aussi des lieux à partir desquels pouvaient se mettre en place la résistance ouvrière.
Il n'est donc pas étonnant de voir ensuite les "quarante-huitards de chez Farcot" prendre les armes lors des émeutes de Juin 1848 suite à la mise au chômage des dizaines de milliers de travailleurs consécutive à la fermeture des Ateliers nationaux. Boissière aurait combattu en Juin 1848 à la barricade Rochechouart. Chassé de son atelier à son retour, il fut signalé par le patron Farcot qui ne lui pardonnait pas de ne pas avoir accompagné ses fils dans les rangs de la garde nationale qui réprima les émeutes et d'avoir demandé une augmentation de salaire. Arrêté, il sera envoyé en travaux forcés dans les colonies (transportation), jusqu'en 1849.
Avec le Coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851, la répression s'abattit à nouveau sur ces militants. Bouttenot et d'autres ouvriers de Farcot qu'ils auraient harangués, furent pris lors de la fusillade rue d'Hauteville, le 3 décembre 1851. Augsburger qui faisait partie des ouvriers en contact avec Blanqui et Louis Blanc, fût arrêté, accusé d'avoir été aux barricades, rue de Lancry. Cardinal avait quitté Saint-Ouen et Farcot le 21 mars 1850 pour retourner à Plouguenast où il se livra à une très active propagande socialiste. Il revint sur Paris en juin 1851 et même s'il ne semble pas avoir participé directement à la lutte contre le Coup d'Etat, il fût arrêté le 14 janvier 1852 à la suite de la saisie de lettres qui traduisaient ses sentiments.
"Transporté", c'est-à-dire envoyé de force, en Algérie, il faisait partie des "Algérie moins", c'est-à-dire des condamnés qui avait une vie à peu près libre dans la colonie à la différence des "Algérie plus" dont la transportation était suivie d'internement. Il s'évadera d'Afrique.
Laurent
A peine le résultat des municipales proclamé, que le patronat remet ça. Encore une nouvelle vague de licenciements. Danone ferme ses usines de Ris-Orangis et de Calais. Marks et Spencer, Dim, Bosch, Bull, Delphi et bien d'autres entreprises proclament leur intention de jeter des milliers de travailleurs sur le pavé.
Parce que les affaires ne marchent pas ? Bien au contraire, "il vaut mieux licencier quand tout va bien" a déclaré cyniquement un responsable de Danone. "Il faut rendre du cash aux actionnaires (21 milliards de francs) d'ici fin mars 2002" renchérit un responsable de Marks et Spencer.
Que fait le gouvernement ? Il a protesté pour Marks et Spencer ; c'est une firme anglaise ! ; et rien de précis sur Danone qui vient de recevoir des subventions publiques de l'Etat français.
La gauche plurielle pourrait faire adopter par le Parlement où elle est majoritaire une loi interdisant les licenciements. Il n'en est pas question. Jospin, au service des capitalistes affirme qu'il va "maintenir son cap" ; sur les profits, bien sûr. Ras-le-bol des licencieurs et de leurs larbins au gouvernement. Les élections municipales se sont révélées un désaveu pour les socialistes et leurs alliés au gouvernement. Mais ce désaveu ne s'exprime pas uniquement dans les urnes. La grève à la SNCF continue avec force, bien au-delà des journées tournantes appelées par les syndicats. Les conducteurs de bus, les traminots, les sages-femmes, les caissières de supermarché Auchan, ne sont pas les derniers à faire grève.
Une ouvrière de Danone à Calais a appelé au Boycott des produits Lu. Pourquoi pas. Une manifestation commune de tous les travailleurs pour l'interdiction des licenciements, ce serait encore mieux. Mais ce qui serait vraiment nécessaire, c'est une mobilisation de tous pour des salaires décents, les retraites, contre la flexibilité, la précarité, la surexploitation. Pour cela, il ne faut compter ni sur cette gauche aux ordres du patronat, ni sur des appareils syndicaux toujours prêts à appuyer des journées tournantes sans lendemain ou corporatistes.
C'est aux travailleurs eux-mêmes de prendre des initiatives pour prendre les choses en main.
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