La SDVP, Société de distribution et de vente du Parisien, basée au 69/73 boulevard Victor Hugo à Saint-Ouen, est la filiale du groupe Amaury qui distribue le Parisien à la place des NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne). L'objectif de la direction était de ne pas accorder les mêmes conditions de travail dans sa propre filiale que dans le reste de la presse.
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Mais sur les 1600 salariés de la SDVP, souvent précaires, répartis sur une centaine de sites en région parisienne, déjà plus de 120 se sont syndiqués. Les 6 et 7 février, ils se sont mis en grève et ont bloqué la diffusion du journal pour obtenir : une majoration de 15% des heures de nuit (actuellement au Smic), une augmentation des indemnités kilométriques et le paiement des heures en retard.
Lors du blocage, la direction a envoyé des vigiles armés pour intimider les grévistes. La direction a alors sanctionné la lutte :
38 licenciements ou mise à pied contre les salariés SDVP et des syndicalistes du Parisien qui les avaient soutenus.
Une manifestation a eu lieu le mercredi 13 février avec le soutien de la CGT de la presse devant les locaux de la direction. La solidarité s'organise, pour la réintégration de tous les travailleurs victimes de la répression par le groupe Amaury.
Paul
En ces débuts de campagne électorale, les candidats de gauche et de droite nous rabattent les oreilles avec les problèmes de sécurité. A les entendre, il serait aussi dangereux de sortir dehors ou de rester chez soi comme à Chicago aux bons vieux temps. Mais question sécurité et violence, ils ont de gros oublis !
La précarité de l'emploi, que le patronat généralise peu à peu, le recours désormais massif aux CDD, et à l'intérim au point que cela devient la norme pour les jeunes qui rentrent sur le marché du travail, qu'est-ce donc sinon de la violence et de l' insécurité ? Entre 1990 et 2000, selon l'INSEE, les emplois stables (CDI) ont progressé de 2 % à peine, les CDD ont augmenté de 60 %, les stages et les "emplois aidés" de 65 %, et l'intérim de 130 %. L'emploi précaire est la forme de retour à l'emploi, préconisée par le gouvernement soit-disant de gauche, pour tenter de forcer les travailleurs à reprendre n'importe quel emploi, même précaire ou inférieur aux qualifications et à l'expérience antérieure. C'est la logique du PARE (Plan d'aide au retour à l'emploi) préconisée par le gouvernement Jospin.
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Le refus obstiné d'augmenter les minima sociaux, qui explique aussi la "prime à l'emploi" et qui conforte les patrons dans leur politique de bas salaires et le recours au temps partiel imposé, n'est-ce pas de la violence sociale ? Les chômeurs sont sans cesse confrontés aux institutions dont dépend leur survie : ANPE, ASSEDIC, SCRE (Service de contrôle de recherche d'emploi), CAF, etc... harcèlement moral, violences institutionnelles, angoisse et insécurité sont leur lot courant. Les licenciements, les radiations administratives des ASSEDIC, la suppression du RMI, le choix imposé entre la perte de tout revenu ou les travaux imposés sous prétexte d'insertion, les coupures d'eau, d'électricité, de téléphone, etc... les expulsions, c'est quoi sinon de la violence ?
Il est urgent d'y mettre fin, mais on ne peut compter ni sur les gouvernements de la gauche plurielle, ni sur ceux de droite pour y mettre fin.
Relou
Le maire et l'adjoint à l'urbanisme avaient promis aux habitants du quartier que des groupes de travail se mettraient bientôt en place pour débattre de l'aménagement de la ZAC Victor Hugo. On pouvait être sceptique sur cette proposition car elle ne précisait ni la composition de ces groupes de travail, ni leurs objectifs - s'agissait-il de débattre de la couleur de la peinture des bancs ou de la préservation et de l'aménagement des espaces verts ? -, ni même des dates et des lieux où se dérouleraient ces "concertations".
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Mais la municipalité ne s'est pas embarrassée de ces questions puisqu'elle a décidé d'engager de nouveaux travaux sans mettre en place ces groupes de travail. C'est ainsi que des pelleteuses ont commencé, le lundi 18 février, à enlever la terre qui longeait la rue Arago. Les jours qui ont suivi, les habitants ont exigé du chef de chantier l'arrêt des travaux et ont demandé que des représentants municipaux viennent expliquer ce qu'ils étaient en train de faire et pourquoi ils revenaient sur leur parole. Ces actions montrent la détermination des habitants, elles permettent des arrêts ponctuels des travaux (pendant une journée complète mercredi) mais les élus responsables ne daignent pas se déplacer pour préciser leurs projets et c'est la police qui disperse ces rassemblements, allant même jusqu'à interpeller des manifestants.
La municipalité s'est vantée de vouloir faire de la démocratie participative, d'être à l'écoute des habitants, de prendre en compte leurs attentes... C'est du discours, dans les faits elle prend ses décisions avec et sous la pression des promoteurs immobiliers, et c'est à la police que les habitants ont à faire.
Laurent
Début février, l'actualité sociale de Saint-Ouen semble venir de la banlieue de Rouen.
Les travailleurs de l'Alstom apprennent que leurs collègues de Petit-Quevilly (76) - usine de transformateurs de modèles plus petits qu'à Saint-Ouen - vivent le même scénario qu'eux il y a exactement deux ans. En janvier 1999 à Saint-Ouen, un plan de 184 suppressions d'emplois avait été découvert par hasard dans la "poubelle informatique". A Petit-Quevilly, c'est un courrier anonyme qui a été envoyé aux syndicats, un document de 60 pages parlant de 78 licenciements et même de fermeture possible de l'usine dans un délai de trois à cinq ans ! Le directeur a évidemment tenté de calmer ses troupes : "Ce n'est qu'une étude, d'ailleurs déjà dépassée..." Exactement le même discours qu'à Saint-Ouen en janvier 1999, et cinq mois plus tard le plan de licenciements était officiellement annoncé.
Les travailleurs d'Alstom Saint-Ouen ne sont qu'à moitié surpris. "On l'avait bien dit, qu'après l'usine de Saint-Ouen, ils s'attaqueraient à celle de Petit-Quevilly. Ils ne vont pas licencier dans les deux usines en même temps." Diviser pour régner, la méthode a été appliquée aussi pour la mise en place des 35 heures Aubry.
Loïc
L'autre nouvelle vient de l'usine Crown Cork de Grand-Quevilly. En grève depuis le jeudi 31 janvier, son siège social est à Saint-Ouen, c'est CarnaudMetalBox, rue Arago. "Crown cork" signifie "capsule" en anglais, en effet l'entreprise fabrique des capsules et le patron de l'usine a l'air particulièrement hermétique. Alors que les 35 heures - ou plutôt les 1600 heures par an avec la flexibilité - sont obligatoires depuis le 1er janvier, le patron n'a rien changé.
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"Vous faites 39 heures ? Il y a 4 heures supplémentaires !" Ces heures supplémentaires ne sont pas payées ? "Si ça ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à aller au tribunal !" insiste le patron.
C'est pourtant ce qu'ont fait les syndicats. Et en prime, les travailleurs se sont mis en grève et ont parlé d'aller au siège, à Saint-Ouen.
Loïc
Vous avez remarqué que les travaux à la piscine ont fait doubler les tarifs d'entrée. Mais il y a une autre nouveauté, il y a maintenant deux séries de tarifs. Les "Extérieurs" paient plus cher que les Audoniens. Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est normal ? Parce que les travaux ont été subventionnés par la municipalité, donc par "nos" impôts locaux ? Pas si simple.
Ce qui fait principalement la richesse de la commune, ce sont les taxes professionnelles, c'est-à-dire le travail de gens qui, dans leur grande majorité, viennent travailler à Saint-Ouen sans y habiter. Alors eux n'ont pas le droit de se baigner. Pourquoi, d'un strict point de vue capitaliste, devraient-ils payer plus cher s'ils veulent aller à la piscine ?
Quelle logique de frontières ! Saint-Ouen "ne pourrait pas accueillir toute la misère du monde", comme disait Rocard en parlant non pas de Saint-Ouen mais de la France ? Nous sommes dans une commune relativement riche, une commune d'activités industrielles, commerciales, tertiaires (avec les Puces, les bureaux....). Pourquoi devrait-on taxer les visiteurs du XVIIIe, de Saint-Denis ou de l'Ile Saint-Denis qui préfèrent notre piscine ? A quand des cartes d'identité audoniennes et des droits de douane ?
Loïc
Une quarantaine de mal-logés ont investi l'immeuble de l'OPHLM de Saint-Ouen situé au 123, rue du Docteur Bauer. Ils avaient été installés là après avoir payé plusieurs milliers d'euros à un marchand de sommeil qui leur a donné, en échange, l'accès à ce lieu dont il n'est pas propriétaire. De telles pratiques se développent de plus en plus et ont déjà eu lieu à Saint-Ouen. Le plus souvent, elles aboutissent, comme cela s'est passé ce lundi 4 février, rue du Docteur Bauer, à l'expulsion des familles. Les pouvoirs publics peuvent bien sûr condamner ces nouveaux marchands de sommeil qui profitent de plus pauvres qu'eux. Mais de tels procédés doivent leur rappeler leur manque d'action pour les mal-logés.
Comment se fait-il que les travaux pour la réhabilitation de cet immeuble, vide depuis deux ans, n'ont pas encore commencé ? Pourquoi les familles ouvrières s'entassent-elles dans des taudis ? Pourquoi tant de logements sociaux et privés restent vides ? Pourquoi les pouvoirs publics, qui en ont la possibilité, ne mènent-ils pas des réquisitions ? Pourquoi laissent-ils des multinationales construire des immeubles de bureaux gigantesques qui, comme l'Euroatrium, restent vides et refusent-ils de trouver les moyens pour le logement social ? Il va bien falloir qu'ils rendent des comptes sur cette politique qui se fait aux dépens des mal-logés.
Laurent
Depuis le début de la seconde Intifada palestinienne en septembre 2000, la violence a été extrêmement meurtrière. Environ mille Palestiniens et trois cents Israéliens ont trouvé la mort.
Il paraît simple de renvoyer dos-à-dos ces assassinats de civils ou de militaires de tous bords. Mais les choses ne sont pas égales. Spoliés de leurs territoires, cloîtrés depuis ans dans des camps de réfugiés abjects, le peuple palestinien revendique un Etat à lui et une existence décente, ce qui est son droit le plus strict, face à l'Etat d'Israël qui le parque et se comporte comme en territoire conquis, bombardant, mitraillant et pratiquant la torture sans l'avouer.
La venue au pouvoir de Sharon, le Premier ministre d'extrême droite dans un gouvernement de coalition incluant le PS, a encore aggravé la situation, d'autant que le gouvernement américain de George W. Bush a donné son feu vert aux représailles israéliennes.
Les peuples israéliens et palestiniens n'aspirent qu'à la paix. Evidemment. Mais quelle paix ? Les Palestiniens veulent en finir avec le statu quo, avec l'oppression nationale et sociale. Ils ont bien raison de s'y opposer et de lutter.
Mais les Israéliens qui suivraient Sharon et sa politique de terreur et de soutien aux colons juifs ultra nationalistes qui ne rêvent que d'un "transfert des Arabes", c'est-à-dire leur expulsion de Gaza et de Cisjordanie, seront les dupes de ces démagogues. Ils finiront par hériter d'un gouvernement dictatorial contre les travailleurs juifs selon l'adage qu'"un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre".
Les Palestiniens sont-ils mieux lotis avec Arafat, l'autorité palestinienne, ou le Hamas ? L'unique objectif qui leur est proposé est un micro Etat palestinien, un bantoustan misérable, invivable où ils seront en butte aux exactions des policiers palestiniens après avoir subi les exactions de l'armée israélienne.
Une situation sans avenir ? Bien sûr que non, mais à condition que ces travailleurs de Cisjordanie, de Gaza, de Tel-Aviv, d'Haiffa tournent le dos aux nationalistes qui les dupent en brandissant des slogans comme "il faut faire payer aux autres le prix du sang". Les ennemis des travailleurs palestiniens et juifs ne sont pas en face, mais dans leur propre pays, ce sont ceux qui leur désignent actuellement qui est l'ennemi, qui sont leur véritable ennemi.
Le 2 mars à 14 h, Paris, manifestation de soutien aux Palestiniens, départ Place de la République arrivée 17 h Place de Clichy