S O L

Saint-Ouen Luttes

L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

n°18 - 11 janvier 2002

Sommaire

Logement : En finir avec les " logements indignes " Friche - ZAC Victor Hugo : Le poumon vert étouffé ? Argentine : des émeutes à la révolution ? Grève des CPE : Pour une vraie réduction du temps de travail avec des embauches Les salariés de McDo : "On n'est pas des steacks hachés!" Ouverture de la piscine de Saint-Ouen Logement : L'expulsion de Noël Editorial : Euro-salaires, Euro-chômage et Euro-luttes

 

Logement

En finir avec les " logements indignes "

La municipalité et l'Etat ont conclu un plan d'action contre " l'habitat indigne " sur cinq ans. 22 immeubles (298 logements) seraient réhabilités et 25 autres (395 logements) seraient démolis. Parmi les démolitions classées prioritaires, le 10 avenue du Capitaine Glarner : il serait temps quand on sait que cet immeuble qui s'écroulait a été évacué d'urgence en août dernier. On peut se demander pourquoi les pouvoirs publics n'ont pas réagi plus tôt pour résorber l'habitat insalubre ? On doit s'interroger aussi sur les constructions qui vont être réalisées, une fois les immeubles démolis. Est-ce que ce seront encore des bureaux ? un nouveau Conforama ? des logements au loyer élevé ? ou des logements adaptés aux besoins des mal-logés et des familles ouvrières ?

A la lumière de ce qui s'est passé pour le relogement des habitants du 10 avenue du Capitaine Glarner, il faudra voir aussi quelles propositions de relogement seront faites. En effet, le relogement de l'ensemble des familles du 10 n'a toujours pas été réalisé et certaines ne bénéficient plus de l'hébergement en hôtel pris en charge par la municipalité, pour avoir refusé des propositions de relogement qu'elles estimaient non adaptées (loyer exorbitant, taille et qualité du logement, emplacement en lointaine banlieueŠ). Ce n'est pas parce que les familles habitent dans des conditions scandaleuses que les pouvoirs publics doivent pouvoir leur faire accepter n'importe quels types de relogements, n'importe où.

Laurent

Friche - ZAC Victor Hugo

Le poumon vert étouffé ?

Le 19 décembre, la nouvelle rencontre, place Payret, sur l'avenir de la ZAC Victor Hugo a attiré une cinquantaine de personnes décidées à bien marquer leur opposition au projet de bétonnage du quartier. Le cabinet d'architecte Roland Castro absent, c'est la SIDEC société d'aménagement, le maire et le premier adjoint ainsi que des techniciens municipaux qui sont venus défendre le projet. Maquette, photos d'ambiance " future "Š ont permis de montrer précisément quelles sont leurs intentions. La maquette démontre que le poumon vert se transformera en peau de chagrin si le projet aboutit. En outre, les habitants s'inquiètent du raccordement à l'autoroute des voies qui seraient construites. En effet, quelle que soit la taille du poumon vert, celui-ci va se trouver asphyxié si une desserte de l'autoroute débouche dans l'avenue Victor Hugo.

Cette réunion a montré aussi que l'ensemble des habitants du quartier, quelle que soit leur sensibilité (comité de quartier, collectif Une friche en ville, élus locaux, anonymesŠ), sont opposés au projet qui leur a été présenté. On aurait trop vite fait de croire qu'ils défendent égoïstement leur cadre de vie le plus proche car la transformation de la friche en un parc urbain, avec toutes les possibilités que cela offre (jardins biologiques, espaces de rencontre, de pique-niqueŠ) est profitable à l'ensemble de la population audonienne mais aussi au-delà.

La question qui se pose maintenant est : est-ce que l'on peut faire reculer les bétonneurs ? Le désaveu porté à leur projet lors des différentes rencontres publiques, la pétition qui a recueilli plus de 1500 signatures, l'échec de l'implantation de la Société généraleŠ plaident pour qu'ils revoient leur copie de fond en comble. Mais ils n'en semblent pas prêts : la SIDEC diffuse déjà une plaquette présentant le projet, refusé par les habitants, auprès des entreprises ; la mairie, quant à elle, a annoncé la constitution de petits groupes de travail pour le 16 janvier. Or, on ne sait pas qui composera ces petits groupes, ni sur quoi ils devront travailler. La maire et son premier adjoint n'ont même pas daigné dire aux habitants où se tiendrait cette rencontre constitutive du 16 janvier. A nouveau, c'est l'opacité qui prend le dessus. Pour empêcher l'étouffement du poumon vert, il faut que les habitants restent unis pour défendre leur contre-projet.

Laurent

Argentine : des émeutes à la révolution ?

Des manifestations, des émeutes de la faim, des pillages de supermarchés ont secoué l'Argentine ces dernières semaines. Aux couches les plus pauvres touchées par la misère, les salaires et les pensions non payés, s'est jointe une partie de la petite bourgeoisie en passe d'être ruinée par l'effondrement du peso.

Les manifestations de rue ont chassé deux présidents en deux semaines. La population n'a plus confiance en la classe politique qui a pillé les caisses de l'Etat au nom du libéralisme, privatisé à tour de bras, cédant aux exigences les plus outrées du FMI, pour, enfin, laisser l'Etat en faillite complète.

La bourgeoisie argentine est à la recherche d'une solution parlementaire ou dictatoriale pour sortir de la crise. Les travailleurs argentins savent ce dont ils ne veulent plus et sont à la recherche d'une perspective politique qui leur permettrait d'en finir avec l'austérité, la misère, la faim, la menace d'un retour de la dictature. Dans cette situation, l'absence d'organisation révolutionnaire représentant réellement les intérêts des travailleurs se fait cruellement sentir, car une course de vitesse est engagée.

Léo

Grève des CPE

Pour une vraie réduction du temps de travail avec des embauches

Avant les vacances d'hiver, le projet d'Aménagement et de réduction du temps de travail pour les conseillers principaux d'éducation (les CPE, qui s'occupent de la vie scolaire) a été présenté par le ministère. Le texte prévoyait de passer à 35 heures annualisées, mais calculées sur 47 semaines au lieu de 38 aujourd'hui : résultat, environ 120 heures de plus par an et des astreintes supplémentaires pendant les vacances. Etrange réduction du temps de travailŠ

Les CPE ne sont que quelques-uns par établissement et n'ont pas l'habitude de se mobiliser seuls. Mais la provocation du ministère a tout de même conduit beaucoup d'entre eux à se mettre en grève lors de quatre journées d'action en quinze jours.

A Saint-Ouen, les CPE de plusieurs établissements ont fait grève. Au collège J.Baker, toutes les catégories de personnels ont suivi le mouvement le jeudi 20 décembre en solidarité avec leurs collègues. En effet, la réduction du temps de travail se négocie plus tard dans le public, catégorie par catégorie. Les personnels techniques sont eux aussi visés par des mesures qui aggravent leurs conditions de travail, signées uniquement par des syndicats minoritaires, qui vont maintenant entrer en application. Les conseillers d'orientation psychologue (COP) sont concernés par un autre dispositif. Et aucune embauche en perspectiveŠ

Paul

Les salariés de McDo :

"On n'est pas des steacks hachés!"

Malgré les méthodes d'intimidations et de violences dignes d'une république bananière, la direction de McDo ne veut pas entendre parler des heures sup' non payées, de l'insécurité dans le travail, des primes de salissure ridicules, de l'absence de primes de livraison, du non-paiement des temps de pause, et des salaires ridicules...(les "équipiers" qui subissent une pression permanente de leur "manager" conditionnés, sont payés au SMIC horaire pour réaliser un chiffre d' affaires de l'heure, par exemple 1800 F ).

La lutte que mènent les salariés du McDo de Strasbourg Saint-Denis continue après plus de deux mois et demi de grève.

Grâce à leur détermination et leur ingéniosité dans les formes de lutte, ils ont réussi à vaincre les risques d'isolement, avec l'appui d'un important comité de soutien, mais surtout de plus en plus d' employés d'autres McDo (Bonne Nouvelle, Fontaine des Innocents, Rivoli, Saint-Germain, Champs-Elysées, Beaugrenelle, Opéra...) et en utilisant des formes d'action différentes (blocage, occupation, grève...). Quand le travail précaire devient la règle (CDD, temps partiels, bas salaires, harcèlement moral et répression anti-syndicale) en particulier dans la restauration rapide, le commerce et les services, les travailleurs s'organisent pour résister à ces nouveaux esclavagistes.

Relou

 

Ouverture de la piscine de Saint-Ouen

Après plus d'un an de retard, la piscine de Saint-Ouen vient d'ouvrir. Les travaux ont coûté 50 millions de francs, et les douches municipales ne sont pas encore ouvertes.

Comme nouveauté, un toboggan pour plonger dans le bassin et un bond pour les tarifs : le carnet de 10 entrées est passé de 97 F avant les travaux à 175,80 F aujourd'hui, soit plus de 80 % d'augmentation !

Paul

Logement

L'expulsion de Noël

Le 23 décembre en soirée, une trentaine de mal-logés dont près de la moitié d'enfants, certains en très bas âge, ont tenté à nouveau de s'installer dans les locaux d'une menuiserie située avenue Victor Hugo. Ils ont été délogés par la police puis, à l'initiative de la municipalité, ils ont été hébergés pendant une nuit dans le gymnase de la rue Ampère, faute de places dans les centres d'hébergement d'urgence.

Le gouvernement avait prévu, dès le printemps de l'année 2000, d'organiser des réquisitions de logements vides partout en France. Dans les faits, ces promesses, comme beaucoup d'autres, ne sont pas tenues. L'hiver est là et, à Saint-Ouen, sur les trois immeubles que les pouvoirs publics avaient prévu de réquisitionner, aucun ne l'a été. Seul l'hôtel Germinal, situé rue Emile Zola, vide depuis plusieurs années, pourrait faire l'objet d'une réquisition mais on ne sait pas quandŠ En attendant, les mal-logés continuent à galérer.

Laurent

Editorial

Euro-salaires, Euro-chômage et Euro-luttes

L'euro nouveau est arrivé mais n'a pas la saveur du Beaujolais !

Que les 304 millions d'habitants de 12 Etats européens soient dotés d'une monnaie unique est certes un petit progrès. Un petit pas, bien prudent, vers l'abolition des frontières. Mieux vaut faire l'euro ensemble que la guerre avec les Etats voisinsŠ

Petit pas, petits problèmes. Difficile de comprendre les prix. Pour les soldes par exemple il y aura 4 prix. Les anciens, les nouveaux, en francs et en euros.

L'Eglise catholique, elle, pousse des cris d'effroi, craignant que les fidèles ne donnent plus que 1 euro au lieu de 10 francs à la quête. L'euro, c'est l'enfer.

La stabilité par contre sera garantie pour les smicards à 890,98 euros (5844,45 F) ou les RMIstes avec 397,66 euros (2608,48 F), nets par mois.

En effet, l'euro ne change rien à nos problèmes. En francs ou en euros, il y aura plus de bas salaires, plus d'euro-chômeurs et plus de sans-abris dans une société faite pour les nantis en euros. La nouvelle monnaie, au lancement longtemps incertain, n'a pas pour but d'améliorer le sort des travailleurs mais de tenter de régler les rapports financiers et économiques des Etats capitalistes d'Europe, en particulier de les mettre en meilleure position par rapport au dollar américain.

L'abolition des frontières ? Les capitalistes n'ont pas attendu l'euro pour faire des multinationales, placer leurs capitaux et rapatrier leurs profits où bon leur semble. Ils nous incitent à comparer le prix des voitures, des iMac ou des CD d'un pays à l'autre. A nous de comparer les salaires, les conditions de travail. A nous d'entreprendre et de généraliser des luttes pour les 300 euros en plus par mois, pour en finir avec le système et pour construire avec les travailleurs des pays voisins l'Europe des travailleurs.

 

  Retour au sommaire